De nombreuses applications de la ville intelligente telles que Waze ou Parkme proposent aux automobilistes de réduire le temps perdu dans la quête d’une place de stationnement. Mais quid pour les cyclistes se trouvant dans la même situation ? Sur le terrain comme sur le papier, le stationnement cyclable a encore besoin de trouver sa place dans les stratégies de mobilité urbaine.
Des initiatives innovantes
Quelques initiatives émergent en France ces dernières années pour faciliter l’expérience de stationnement des cyclistes. Dans le cadre du Grand Paris, SNCF Gares & Connexions et le Conseil Régional d’Île-de-France ont lancé le service Véligo à proximité des gares franciliennes. Moyennant vingt euros de supplément à son abonnement Navigo annuel, l’usager peut ainsi garer son vélo 24h/24 en toute sécurité sur des emplacements réservés. 20 000 places supplémentaires sont prévues à Paris à horizon 2020, et déjà les parkings de la gare Montparnasse et Rosa Parks (RER) témoignent de ce mouvement. Un essor à même de révolutionner le stationnement cyclable dans la capitale, qui ne compte aujourd’hui que 26 000 places, cinq fois moins que pour les voitures.
La mairie de Paris suit ce mouvement en ouvrant ses données via un Système d’Informations Géographique dénommé Capgeo qui recense et cartographie de tous les espaces de stationnements deux-roues disponibles en surface dans la capitale.
Côté innovations digitales, la start-up bordelaise Qucit propose des outils smart city prédisant les disponibilités de vélos partagés et de leurs places de stationnements cyclables, en utilisant notamment les données publiques mises à disposition par plusieurs grandes villes françaises. À Shanghai en Chine, le service de vélopartage Mobike va encore plus loin en libérant ses usagers de la contrainte de stationnement puisque ceux-ci peuvent désormais laisser leurs vélos où ils le souhaitent dans l’espace public. Ces derniers, connectés, sont repérés et peuvent être réutilisés directement via l’application mobile par d’autres particuliers.
6 axes d’amélioration pour des stratégies urbaines plus cohérentes
Si de nombreuses métropoles européennes souhaitent encourager au report modal vers le vélo, les réflexions se limitent trop souvent aux routes cyclables [4] ou à la sécurité dans un trafic routier dense et n’abordent encore que timidement cet enjeu pourtant crucial dans le déclenchement du report modal qu’est le stationnement cyclable. Quel cycliste n’a en effet jamais dû, à défaut de places de stationnement disponibles, attacher son vélo à un support inadapté ? Et combien de personnes sont-elles découragées de se rendre au travail en vélo par manque de places de stationnement disponibles ou de locaux professionnels correctement équipés ?
Des stratégies cohérentes relatives au stationnement cyclable peuvent se décliner en 6 axes :
1. Tout d’abord, assurer la sécurité des lieux de stationnement pour les vélos et pour les personnes, à travers le développement de la vidéosurveillance et du contrôle d’accès, d’un éclairage adéquat, d’arceaux robustes.
2. Ensuite, renforcer l’accessibilité des parkings pour éviter par exemple d’avoir à descendre au sous-sol par des escaliers en portant son vélo.
3. Les lieux de travail eux-aussi doivent s’adapter en proposant des vestiaires et des douches aux salariés souhaitant se changer avant et après leur journée de travail.
4. Par ailleurs, une attention particulière doit être portée à la facilité d’usage du parking et anticiper la diversité des vélos : les VTT, VTC, vélos partagés, pour enfants, cargos, tandems, ne prennent pas tout la même place à garer.
5. Globale par définition, la stratégie urbaine doit anticiper la diversité des usages et ainsi différencier les parkings longue durée dans les bureaux et les résidences des parkings courte durée à proximité d’infrastructures sportives, de commerces, de lieux culturels et de monuments. Un cycliste ne sera pas enclin à aller stationner son vélo si le parking est éloigné de l’entrée du bâtiment : le temps utilisé pour garer son vélo doit être relatif au temps passé dans le bâtiment fréquenté !
6. Enfin, ce mouvement doit être l’occasion pour les collectivités et les start-ups locales de développer de nouveaux services de mobilité urbaine et d’intermodalité liés aux usages du vélo.
En somme, ce grand oublié des stratégies urbaines devient aujourd’hui incontournable à la fois dans le cadre d’une incitation au report modal vers le vélo et dans le développement de services liés à la smart city. Des services et des incitations qui, sans une prise de conscience rapide des acteurs locaux, risqueraient bien de pédaler dans le vide encore quelque temps.
[1] www.20minutes.fr
[2] http://capgeo.sig.paris.fr/Apps/Stationnement2Roues/
[3] www.atelier.net
[4] https://www.transportshaker-wavestone.com/rouler-a-velo-lautoroute-possible-risque/