Bien que moins peuplée que Londres ou Paris, Luxembourg doit aujourd’hui répondre aux mêmes problématiques de transport que les grandes métropoles, comme la saturation du réseau ou la modernisation des infrastructures.
Une nouvelle stratégie orientée vers une mobilité durable se dessine dans la capitale du Grand Duché, avec pour objectif de désaturer le centre-ville et de favoriser une utilisation alternative de la voiture.
Luxembourg, une ville à haute densité
Petit pays de 550 000 habitants, le Luxembourg a rapidement intégré la mobilité en tant que prérequis dans son développement économique. En effet, la main d’œuvre interne est insuffisante pour répondre aux besoins du pays, où siègent de nombreuses institutions européennes et entreprises internationales.
Située au cœur de l’Europe, la ville de Luxembourg voit ainsi sa population doubler en journée, avec le flux de travailleurs frontaliers venant de France, Belgique ou Allemagne.
Les autorités organisatrices des transports (la Ville de Luxembourg et le Verkéiersverbond, entité sous la tutelle du Ministère du développement durable et des infrastructures du pays) doivent donc tenir compte de cette spécificité en dimensionnant un réseau de transport qui réponde à la fois aux besoins de mobilité des résidents mais aussi ceux des non-résidents.
Désaturer le centre-ville de Luxembourg
Le réseau de transports en commun de la capitale est structuré autour de 2 pôles : la gare centrale et la gare routière Hamilius. Ces deux pôles sont reliés entre eux par une vingtaine de lignes de bus, avec pour conséquence des files de bus ininterrompues en heure de pointe.
En parallèle, la ville a connu une croissance économique et démographique soutenue au cours des 20 dernières années avec le développement de 7 nouveaux pôles d’activités situés en périphérie de la ville (Kirchberg, Cloche d’or, Aéroport). Le réseau de transport de la ville, organisé en forme d’étoile, n’est plus adapté aux besoins des usagers et contribue à la saturation du centre en imposant souvent de transiter par le centre-ville pour des trajets périphérie-périphérie.
Pour répondre à la problématique de saturation du centre-ville, plusieurs chantiers sont en cours :
– Ouverture d’une ligne de tramway sur le tronçon principal reliant les différents pôles de développement. Le tramway permettra d’augmenter la capacité de transport à 450 personnes par rame, soit l’équivalent de 4 bus articulés. Le chantier est en cours pour une ouverture partielle de la ligne prévue à partir de 2017 et une mise en service complète d’ici 2020 ;
Le futur tramway à Luxembourg (illustrations)
– Réorganisation des lignes de bus afin de libérer l’axe central. Des lignes tangentielles seront développées pour relier les pôles de développement entre-eux sans passer par le centre-ville ;
– Création du nouveau pôle ferroviaire « Pont Rouge » permettant un accès facilité à la zone d’activité du Kirchberg, siège des institutions européennes, sans passer par la gare centrale. La mise en service est prévue pour fin 2017.
Gare Pont Rouge (illustration)
Favoriser une utilisation alternative de la voiture
La voiture constitue le mode de déplacement principal du pays avec près de 73 % des trajets quotidiens, contre seulement 14% en transport en commun ou 13% en mobilité douce (marche, vélo). Le développement du trafic transfrontalier et le phénomène de rurbanisation qui entraîne un étalement de l’habitat, permettent d’expliquer la part importante des déplacements réalisés en voiture.
Pour répondre aux enjeux liés à la saturation des axes routiers et à la pollution environnementale, plusieurs dispositifs ont été lancés pour favoriser une utilisation alternative de la voiture. L’objectif est d’augmenter la part des déplacements en transports en commun (de 14% à 19% d’ici 2020) et en mobilité douce (de 13% à 25% d’ici 2020) pour réduire les émissions de CO2 (-20% d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990)
– Développement des espaces Park+Ride (P+R): parking gratuit aux endroits stratégiques de la périphérie de la ville (4000 places de parking répartis sur 5 Espaces P+R). Les voyageurs pendulaires peuvent ainsi transiter plus facilement entre leur véhicule individuel et les transports en commun ;
– Campagnes de sensibilisation et de communication, notamment auprès des frontaliers, pour promouvoir le covoiturage et fluidifier la circulation sur les autoroutes en heure de pointe ;
– Mise en place d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques ;
– Aménagement de rues piétonnes ;
– Parking à vélo dans les gares.
Parc à vélo à la gare Centrale
Les chantiers menés pour désaturer le centre-ville sont en bonne voie et devraient permettre d’atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2020. La question de la mobilité durable est plus incertaine, car elle s’inscrit dans une démarche à long terme. Une réelle prise en compte dans les politiques d’aménagement du territoire et un travail en profondeur pour faire changer les habitudes de déplacements des résidents et non-résidents seront nécessaires pour ancrer durablement cette nouvelle mobilité dans le quotidien des voyageurs luxembourgeois.