Depuis le 13 novembre dernier, la France vit au rythme de l’état d’urgence et se prépare à l’éventualité d’un nouvel attentat. Le 10 mai 2016, le Sénat a d’ailleurs à nouveau voté sa prolongation jusqu’à fin juillet, afin de couvrir l’intégralité de l’Euro 2016 et du Tour de France. Cette vigilance accrue des forces de l’ordre se ressent et est très visible par les français, particulièrement dans les hubs où la sûreté des voyageurs est une question essentielle !
Durcissement des dispositifs existants
Le besoin de sécurité passe tout d’abord par le renforcement des mesures de sécurité déjà existantes. Que ce soit dans les gares, les aéroports ou les transports urbains, le nombre de patrouilles de police et de militaires a été largement accru, ainsi que la fréquence des contrôles aléatoires. Dans les aéroports, les patrouilles cynophiles, qui n’étaient jusqu’alors déployées que dans les zones inaccessibles au public, sont maintenant présentes dans l’aérogare au contact des voyageurs. De plus, le 22 mars dernier a été adopté la proposition de loi Savary. Elle prévoit entre autres l’augmentation des prérogatives accordées aux internes de sécurité de la SNCF (Suge) et de la RATP (GPSR), qui avait été annoncée par Bernard Cazeneuve en août 2015. Les agents peuvent ainsi effectuer des fouilles visuelles des bagages et des palpations de sécurités sans la présence de représentants des services publics.
La vidéosurveillance est aussi un moyen clé de l’enjeu de sécurité. D’une part le nombre de caméra de vidéosurveillance est en constante augmentation : Paris Aéroport qui en dénombrait 1000 avant le 11 septembre 2001 en compte aujourd’hui 8400. D’autre part, les agents de sûreté ont aujourd’hui la possibilité de filmer leurs interventions pour assurer la sûreté des voyageurs (dans le cadre de la loi Savary).
De nouveaux dispositifs en phase de test !
Que ce soit dans les gares ou les aéroports, de nouveaux dispositifs voient le jour pour assurer la sécurité des voyageurs.
L’attaque avortée du Thalys a convaincu la SNCF d’étudier de nouvelles solutions de sécurisation telles que les portiques de sécurités. Appuyés par Ségolène Royal, ceux-ci sont en place pour le Thalys depuis le 21 décembre 2015, en gare du Nord à Paris et de Lille-Europe. Un rapport sur le dispositif, adressé à la Ministre le 6 avril dernier, dresse un bilan positif de la mesure. Néanmoins, les portiques ont déjà été critiqués pour plusieurs raisons : la fluidité est mise à mal, et, outre le désagrément que cela peut susciter chez les usagés, les trop longues files d’attente représentent un danger ; les portiques ne font pas l’unanimité en Europe où l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique sont réticents à leur installation ; le coût important du dispositif, qui couterait 2,5 millions d’euros pour quatre portiques par quai et par an selon le sénateur Alain Fouché ! À ce jour, aucun agenda n’a été communiqué concernant l’élargissement du dispositif.
La SNCF étudie d’autres solutions innovantes telles que de nouveaux modes de détection d’explosifs et d’armement, et des logiciels d’analyse comportementale, pour lesquels aucun planning de tests n’a encore été avancé.
Du côté des aéroports aussi l’innovation est de main mise ! On notera plusieurs dispositifs expérimentaux qui pourraient se voir déployés dans l’ensemble des aéroports. À Lyon Saint-Exupéry un scanner corporel 3D est en phase de test ainsi qu’un « shoes scanner » pour contrôler les chaussures sans les retirer. Ces dispositifs sont déployés au niveau des PIF (ndlr : poste d’inspection filtrage). Coté logiciel, on mise dans les aéroports comme dans les gares sur des logiciels de reconnaissance faciale et d’analyse comportementale qui sont encore en phase de développement. A. de Romanet, PDG de Paris Aéroport, a déclaré mi-avril que la reconnaissance faciale serait testée à Paris-Charles-De-Gaulle au mois de mai. De plus, à ces outils s’ajouteront le PNR (ndlr : Passenger Name Record) qui devrait être déployé et opérationnel d’ici 2 ans selon la DGAC (ndlr : Direction Générale de l’Aviation Civil). En attendant que la détection des comportements suspects ne soit automatisée, les aéroports ont recours depuis 2010 aux profilers. Originellement déployés au niveau des PIF, les profilers sont maintenant présents dans l’intégralité des aérogares de Paris, Nice et Marseille.
Les enjeux de sûreté des français sont toujours plus importants, mais se heurtent dans le secteur des transports à l’équation insoluble de l’équilibre sécurité/fluidité. Dans cette mesure, les systèmes automatisés comme les logiciels de reconnaissances faciales sont peut-être la solution pour respecter cet équilibre ! La France est décidée à répondre au besoin croissant de sécurité ! Elle a montré sa réactivité en renforçant rapidement les dispositifs existants et en étudiant de nouvelles solutions. Mais dans une Europe ouverte, où Shengen permet la libre circulation de chacun, une uniformisation des dispositifs au niveau européen est indispensable. Or, même si nos voisins renforcent aussi leurs dispositifs de sécurité, des désaccords persistent, pour certains qui sont réticents à d’adopter certaines mesures (l’Allemagne, par exemple, est contre l’installation des portiques dans les gares).