36% des 18-24 ans ont utilisé l’autopartage ces 12 derniers mois selon un sondage publié par l’institut CSA. Une statistique qui illustre à elle seule l’évolution des usages sur les modes de transport. Les start-ups ou opérateurs historiques tentent de profiter de cette évolution pour développer de nouveaux services visant à réduire temps et coûts de déplacement. Comment les entreprises vont-elles révolutionner le transport dans nos Smart Cities ?
La diversification de l’écosystème transport est en marche
La multiplication des offres de service semble constituer le premier élément de réponse. Alors que le taux d’occupation moyen d’une voiture en Europe est de 1,1 passager, le covoiturage, l’autopartage ou le vélo en libre-service n’ont jamais eu autant le vent en poupe. Koolicar, acteur majeur de l’autopartage, a tout récemment réalisé une levée de fonds de 2,6 millions d’euros pour accélérer son développement. Selon les experts, cette modification des usages est amplifiée par les effets de la crise : 47% des utilisateurs de voiture individuelle ont diminué leurs déplacements en ville l’an passé. Une opportunité pour de nouveaux acteurs qui dynamisent ainsi l’offre de services.
Les opérateurs historiques du secteur ne sont pas en reste ; les initiatives se multiplient pour améliorer les dépenses énergétiques des modes de transport traditionnels. La RATP a ainsi initié un partenariat avec EDF en juin dernier afin d’intégrer des bus électriques grande capacité (12m – 90 places) au sein de sa flotte. Le groupe souhaite en effet atteindre l’objectif d’un réseau de bus 100% électrique d’ici 2025.
Mais l’émergence du Smart Transport s’opère également grâce aux entreprises utilisatrices de nouveaux services. Offres de services créées par de nouveaux entrants dans le secteur. Wayz-Up propose ainsi une solution de covoiturage spécialisée sur les trajets domicile-travail. La jeune start-up fournit une solution packagée aux entreprises qui leur permet de favoriser ce mode de transport parmi leurs employés. Safran, Renault ou Hilti figurent parmi les sociétés partenaires. Une solution qui fonctionne grâce à l’application téléchargée par les utilisateurs.
L’information en temps réel, un prérequis indispensable au développement du Smart Transport
La mise à disposition de l’information en temps réel constitue en effet le levier majeur pour accélérer les mutations. Il est nécessaire de répondre aux besoins des utilisateurs à l’instant T pour faciliter l’accès à un panel de modes de transport qui s’étoffe. D’autant plus pour des usagers en mobilité.
Là encore, les opérateurs historiques s’attachent à perfectionner leurs applications pour faciliter les trajets. Géolocalisation ou personnalisation du mode de transport choisi sont autant de fonctionnalités jugées aujourd’hui comme indispensable par les utilisateurs.
Alors même que les usagers sont de plus en plus exigeants sur l’information voyageur : il faut désormais permettre de prévoir les trajets combinant l’utilisation de plusieurs modes de transport, du covoiturage au vélib, en passant par le tramway. Une recherche qui semble souvent un peu complexe compte tenu du nombre d’acteurs impliqués.
L’accès à la donnée apparaît donc essentiel pour faciliter le partage d’information. Un vrai casse-tête pour les transporteurs publics dont la culture n’est pas forcément l’open data. Moovit s’est engouffré dans la brèche en mettant à disposition en temps réel les mouvements de tous les transports en commun, grâce à la géolocalisation de ses membres.
Alors que la démarche est encore peu avancée sur le territoire français, certaines villes comme Tokyo ont atteint un degré de maturité non négligeable sur le sujet. Depuis 2013, treize compagnies de métro, trains et bus partagent publiquement leurs données informatiques de trafic générées grâce à des capteurs et autres équipements installés à bord, le long des voies ou sur les quais. Ce qui permet d’exploiter en temps réel ces données pour identifier les dysfonctionnements et adapter les parcours.
Les difficultés pour parvenir à une connaissance détaillée des réseaux sont grandes. Les entreprises cherchent donc à mutualiser leurs connaissances pour exploiter les synergies issues de leurs travaux au sein de consortiums. Opticities, projet européen de mobilité urbaine intelligente lancé à Lyon en décembre 2013, regroupe ainsi 6 métropoles, 5 académies de recherche et 9 entreprises d’industrie et de services. L’un des objectifs est de créer de nouveaux schémas de coopération concrète public-privé ciblés sur l’accès à des données de mobilité urbaine publique et privée de qualité.
Les poids lourds du secteur multiplient quant à eux les partenariats pour diversifier les services proposés à leurs clients. La SNCF a ainsi lancé une offre de porte-à-porte permettant aux voyageurs de planifier l’intégralité de leur déplacement en un clic.
Les opportunités offertes sont donc considérables mais les freins à l’usage de ces dispositifs ne sont pas à négliger
Les réticences quant à l’usage de la géolocalisation par nos applications sont de plus en plus nombreuses pour des usagers qui perçoivent certains dispositifs comme trop intrusifs. Les entreprises doivent faire preuve de vigilance pour ne pas effrayer des utilisateurs qui tiennent à leur liberté.
D’autre part, l’accès à Internet et la qualité des réseaux constitue un prérequis indispensable pour l’émergence du Smart Transport. Pourquoi développer des services ultra-perfectionnés alors qu’il est impossible de s’y connecter pour les voyageurs du métro ou du TGV ?
Enfin, alors que le Smart Transport émerge grâce au développement de technologies complexes et peu compréhensibles du grand public, les entreprises doivent veiller à proposer des offres de services simples et ludiques. Il serait dommage de laisser sur le bord de la route les populations moins technophiles.