La reconnaissance faciale est une technologie biométrique qui permet d’identifier un individu à partir des caractéristiques de son visage, à l’aide d’algorithmes analysant la forme de la figure, la commissure des lèvres, l’écartement des yeux, etc. Ce système est de plus en plus utilisé pour fiabiliser les transactions, puisqu’il permet par exemple d’authentifier un utilisateur en se passant des mots de passe. Preuve de l’engouement pour cette technologie, les GAFA rachètent les start-up de ce domaine à prix d’or (Facebook avec Face.com ou encore Apple avec RealFace).
Les acteurs du transport ne sont pas en reste, puisque les expérimentations utilisant les informations biométriques fleurissent dans les aéroports et gares depuis quelques mois.
La reconnaissance faciale pour diminuer les temps d’attente
Ce progrès a notamment été permis par la mise en place des passeports biométriques qui comportent une puce contenant les informations d’identité de l’individu sous forme numérique, et notamment ses empreintes digitales (en France, tous les passeports délivrés depuis juin 2009 sont biométriques). Les entreprises du secteur du transport, qui souhaitent digitaliser au maximum le parcours client, y ont alors vu un moyen d’automatiser les contrôles d’identité, en particulier aux frontières. Une première étape a été franchie dès 2009 avec la mise en place des bornes Parafe (passage rapide aux frontières extérieures). Ces sas, mis en place dans le cadre d’un programme européen de facilitation transfrontalière, identifient chaque voyageur en rapprochant les informations de son passeport, obtenues par lecture optique, avec ses empreintes digitales, le tout permettant ainsi de passer la frontière en une vingtaine de secondes.
Les aéroports et gares continuent sur cette lancée puisque nombre d’entre eux étudient actuellement l’opportunité d’intégrer la reconnaissance faciale à ces sas de contrôle afin de les fiabiliser. Principal objectif de ces contrôles automatisés ? Réduire les temps d’attente lors du passage des frontières, qui ont été multipliés par deux en lien avec le renforcement des mesures de contrôle suite aux attentats de Paris et Nice.
Les projets se multiplient en France et à l’international
Les premières bornes incluant la reconnaissance faciale sont apparues à l’aéroport d’Orlando (Floride), dès 2015, avec pour objectif de réduire de 40% les files d’attentes dans les zones de douane et d’immigration de l’aéroport.
En France, le gouvernement ayant autorisé début 2016 par décret l’utilisation de la reconnaissance faciale pour les contrôles aux frontières, les projets se sont multipliés depuis l’an dernier. A l’aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle les temps d’attente de plus de 30 minutes ont été multipliés par vingt depuis début 2016 selon Augustin de Romanet, amenant parfois les voyageurs internationaux à éviter de transiter par la France. Pour y faire face, le groupe ADP teste depuis décembre 2016 et pour quelques mois un système développé par l’entreprise portugaise Vision Box et intégré aux bornes Parafe. Le système lit la puce du passeport et la photo, et rapproche ces informations des photos qu’il a prises lorsque la personne est entrée dans le sas. Si une différence est constatée lors du rapprochement, le sas se verrouille et un agent de la police aux frontières intervient. Après un mois d’expérimentation, 20 000 passagers et personnels volontaires de Charles-De-Gaulle ont utilisé les cinq bornes du terminal 2F. Si les tests sont concluants, le système sera élargi à tous les ressortissants de l’UE et de Suisse, avec pour objectif de passer de 3% à 20% de contrôles automatiques. Toujours à Paris, Eurostar a également installé mi-février des contrôles d’identité automatiques par reconnaissance faciale Gare du Nord. Ces sas « vb i-match », déjà en place à Londres Saint-Pancras et utilisés par plus de 500 000 passagers depuis l’Euro 2016, ont également vocation à être installés prochainement à Bruxelles-Midi. Dans le reste du monde, le Japon s’est également montré intéressé en vue des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, tandis que l’Australie va un cran plus loin puisque le dispositif en test à partir de juillet à Canberra permettra de passer la frontière sans même avoir à sortir son passeport.
Aux Pays-Bas, l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, en collaboration avec KLM, teste également la reconnaissance faciale, mais cette fois au niveau de l’embarquement : les passagers qui le souhaitent, après s’être enregistrés à un kiosque dédié, pourront embarquer à bord de leur avion via une porte dédiée sans avoir à sortir leur passeport ni leur carte d’embarquement.
Bientôt tous fichés ?
Les principaux freins à une utilisation massive de cette technologie résident dans l’utilisation et le stockage des données. Ces données sont en effet hautement sensibles, et le recours à la biométrie est strictement encadré en France. Déjà lors de la mise en place des bornes Parafe, la CNIL avait émis un avis défavorable en premier lieu, avant de se rétracter. L’organisme a ensuite donné son accord en vertu du fait que le procédé est localisé (les données ne figurent pas dans une base de données à distance mais dans un support dont la personne a « l’usage exclusif »), à durée temporaire (les données sont immédiatement effacées), et à but sécuritaire.
Si l’automatisation des contrôles aux frontières permet un gain de temps effectif dans le parcours voyageur, d’autres leviers de réduction du temps d’attente dans les lieux de transit sont également à l’étude. En première ligne, le contrôle des bagages à main : KLM teste ainsi une technologie qui permettrait de ne pas devoir sortir ses liquides et appareils électroniques lors du scan. De quoi gagner un temps précieux et faire baisser le stress lié à l’angoisse de rater son avion !