Ce début d’année 2016 démarre en force sur le sujet : le gaspillage ne tourne plus seulement autour des produits alimentaires et les consommateurs en ont maintenant pleinement conscience. En France, chaque année, entre 16 et 20 kg de déchets électroniques sont jetés par ménage.
Diverses initiatives ont été menées afin de lutter contre l’obsolescence programmée, phénomène qui consiste, pour les fabricants, à réduire la durée de vie d’un bien de consommation afin d’inciter son propriétaire à le remplacer. Ces initiatives proviennent à la fois de grands groupe, comme Seb, qui s’est récemment engagé à réparer ses produits sur 10 ans, ou encore de start up, comme Back Marketup, née en novembre 2014, qui propose une plateforme offrant la possibilité aux consommateurs d’acheter des appareils électroniques reconditionnés, 20 à 60% moins chers que les produits neufs.
Le secteur du transport n’est malheureusement pas épargné par le phénomène. Principal vecteur : la multiplicité des pièces détachées. Chaque modèle ayant ses propres pièces détachées, les retrouver s’avère fréquemment être un casse-tête, voire une véritable difficulté lorsque le véhicule concerné n’est plus produit.
Par ailleurs, l’obsolescence esthétique a également pris position sur le marché : les consommateurs, de plus en plus influencés par les effets de mode, peuvent un jour rêver d’un 4×4 et le lendemain d’une petite citadine colorée. La mode nous inciterait donc à changer plus fréquemment de voiture.
Retour sur l’histoire du concept et état des lieux sur le plan légal
Le sujet n’est pas nouveau et commence à faire parler de lui dans les années 1920. C’est en 1932 que le concept d’obsolescence programmée est réellement nommé : Bernard London, promoteur américain, défend le concept d’une obsolescence légale imposée par le gouvernement pour les biens de consommation afin de stimuler et maintenir la consommation. Pour finir, le terme est véritablement popularisé par Brooks Stevens, designer et styliste, dans les années 50.
Le phénomène s’est largement développé depuis les années 80 avec l’arrivée des nouvelles technologies, imposant au consommateur un choix de plus en plus varié de biens, doublé d’améliorations rapides, le poussant à l’achat.
Depuis le 22 juillet 2015, l’obsolescence programmée est considérée comme un délit pouvant entraîner jusqu’à deux ans de prison et une amende de 300 000 euros pour un particulier, 5% de son chiffre d’affaire pour un professionnel. Malheureusement, l’interprétation complexe du concept d’«obsolescence programmée », rend compliquée la mise en application de la loi. Il est ainsi loin d’être évident de prouver la culpabilité des marques et des producteurs sur ce sujet.
FRANCECRAFT : la voiture en kit qui s’adapte aux envies de son propriétaire
Le principe du kit, qui séduit de plus en plus de secteurs, n’a pas échappé à FRANCECRAFT, start up francilienne, laquelle a décidé de lancer en 2015 la première voiture électrique personnalisable. Cette dernière, composée de modules recyclables et réutilisables, a été conçue pour durer dans le temps. Le modèle existe en version hybride ou électrique et 80 véhicules sont d’ores et déjà en circulation, utilisés en majorité par des employés municipaux. L’objectif : adapter sa voiture à ses envies, au jour le jour, de façon relativement simple et accessible. La voiture pourra en effet être assemblée directement par un garagiste ou un professionnel de l’automobile et sera constituée de moins de 600 pièces, lorsqu’un véhicule traditionnel en compte environ 10 000. Sur une même base de châssis, il sera possible, par exemple, de changer la carrosserie pour avoir un habitacle plus grand.
Pour les clients finaux, le coût se situera entre 10 000€ et 15 000€ et ces voitures devraient faire leur apparition au cours de l’année 2016.
Voiture ultra-connectée : méfiez-vous de l’obsolescence
La complexité du fonctionnement des automobiles serait-elle devenue une source d’obsolescence ?
Les constructeurs nous proposent des modèles plus sécurisés, plus confortables, avec toujours plus de fonctionnalités. Nous profitons actuellement de la phase de développement de ces nouvelles technologies et des effets de mode qu’elles engendrent, sans vraiment se préoccuper de l’après… Que se passera-t-il lorsque
notre régulateur de vitesse ou notre rétroviseur électronique ne fonctionnera plus ? Les gammes se renouvellent de façon rapide, multipliant les types de pièces utilisés et stockés par les garagistes, ainsi que les outils de diagnostics. Qu’en sera-t-il dans 10 ans ? Outre le coût de réparation dû à la complexité du fonctionnement de ces multiples avancées technologiques, il faut se poser la question de l’après : les pièces nécessaires seront-elles toujours disponibles facilement et rapidement ?
Méfiez-vous donc, l’obsolescence programmée est un concept bien vague qui, malgré les efforts de toute part, persiste dans nombre de secteurs, et le monde automobile ne déroge peut-être pas à la règle.