Le nombre de vélos présents sur les routes du centre-ville de Copenhague a dépassé le nombre de voitures en 2016 ; voilà une information qui a été grandement relayée dans les médias, en Europe et à l’international. Copenhague est donc la deuxième ville européenne à connaître ce phénomène, après Amsterdam au milieu des années 1990. Cette actualité a suscité de nombreuses réactions médiatiques, et quelques réflexions relatives au modèle scandinave, faisant oublier, notamment en France, les bons résultats des villes françaises au classement Copenhagenize 2017.
En effet, si Copenhague se classe première juste devant Utrecht et Amsterdam, Strasbourg arrive en quatrième position. Par ailleurs, avec 4 villes répertoriées, la France se classe en tête en termes du nombre de villes figurant au classement, devant les Pays-Bas et l’Allemagne qui comptabilisent chacun 3 villes classées, et loin devant le Danemark, la Norvège, la Suède et la Finlande, qui n’en comptent respectivement qu’une seule.
Capture d’écran du Twitter Urban Cycling Institute (Novembre 2017)
Un mode de transport doux aux conséquences positives multiples
Les autorités publiques de la ville de Copenhague l’ont compris très tôt, le vélo est une belle manière de répondre à de nombreux défis et doit donc être le sujet d’une politique municipale prioritaire. L’usage du vélo en grand nombre permet de désengorger les axes routiers et transports publics, même s’il demande un certain nombre d’aménagements, et réaménagements le cas échéant, pour assurer la sécurité des usagers, le bon vivre ensemble, et la décongestion des pistes cyclables comme cela peut arriver à Copenhague[1].
L’intérêt du vélo est aussi public en de nombreux points ; favoriser ce mode de transport doux permettrait d’augmenter l’activité physique des habitants et participerait à contrer les effets néfastes de l’inactivité physique qui coûte cher aux autorités. Par ailleurs, si tant est que l’usage plus conséquent du vélo amène à une réduction de la présence des véhicules dans l’espace urbain et périurbain, il semble raisonnable de gager que la qualité de l’air n’en sera que meilleure, comme l’espère la mairie de Paris avec une nette amélioration d’ici 2020. Si les Danois sont peu nombreux (7%) à évoquer l’environnement comme motif principal dans leur utilisation du vélo, cela pourrait être un argument moteur pour initier une pratique plus importante du vélo dans la capitale française.
Chiffres de Cycling Embassy of Denmark (2017)
S’inspirer des bonnes pratiques pour développer l’usage du vélo à Paris
La ville de Paris, dont l’objectif est d’arriver à 15% de trajets à vélo (triplant ainsi le nombre de déplacements actuels) d’ici 2020, a annoncé un plan vélo de grande ampleur. Le fait est que 32% des parisiens ont pour habitude de prendre les transports en commun et 10% leur voiture pour se déplacer[2]. Les principaux défis seront donc de réussir à changer les mentalités mais aussi de rendre le transport en vélo agréable.
La ville de Copenhague a déjà trouvé de nombreuses solutions aux problèmes et souhaits existants. En effet, le temps de trajet étant un élément clé dans le choix du mode de transport, la municipalité a aménagé des voies vertes permettant aux cyclistes de parcourir de longues distances sans mettre le pied à terre. Cela a été rendu possible grâce à la synchronisation globale de la signalisation à la vitesse d’un vélo et non à celle d’une voiture.
L’agréabilité étant aussi importante, il est essentiel de penser l’aménagement des pistes cyclables dans l’optique d’apporter aux parcours cyclistes des dimensions que l’on retrouve dans d’autres modes de déplacement. A titre d’exemple, cela peut concerner la possibilité pour deux cyclistes de rouler côte à côte et discuter sans gêner les autres usagers. Cela existe actuellement à Copenhague et favorise l’éclosion d’un cyclisme social en rendant les trajets plus appréciables.
D’autre part, la ville a souhaité intégrer les usagers, premiers utilisateurs de ces infrastructures, dans les développements de son plan de transport. Plus de 10 000 cyclistes ont répondu en seulement 12 jours à l’appel de la municipalité de Copenhague ayant pour but d’identifier les endroits où les pistes cyclables manquent ou bien devraient être optimisées[3].
Enfin, en tant que ville éminemment touristique[4], Paris pense à renforcer le cyclotourisme en ajoutant aux trois vélo-routes existantes de nouveaux itinéraires ainsi qu’à aménager des parcours le long des voies vertes nationales.
Plan Vélo de la Ville de Paris
Si ce plan quinquennal fait la part belle aux investissements nécessaires à l’aménagement des voies, il semble essentiel que le prochain plan capitalise sur les leçons tirées par Amsterdam et Copenhague depuis plusieurs décennies et permette d’atteindre rapidement et sans encombre l’objectif de devenir une capitale mondiale du vélo. Enfin, si ces deux capitales du vélo sont de bons exemples à suivre, d’autres villes françaises comme Strasbourg (où 16% des déplacements modaux se font en vélo) ou bien Bordeaux (dont l’objectif est d’arriver à 15% de déplacements en vélo d’ici à 2020) sont sans nul doute des sources d’inspiration certaines.
Sources :