Metro, bus, Tramway, Velib, Autolib, Uber, blablacar… Ces dernières années, les offres de transports se sont multipliées. Le visage de la mobilité urbaine change et le choix d’un mode de transport pour un usager lambda se complexifie. Cette réalité a donné lieu au MaaS : Mobility as a Service. Ce nouveau concept est encore en phase de test, mais bouleverse déjà les modèles de transport actuels : il propose, via une application unique, un service de mobilité complet d’un point A à un point B, incluant plusieurs types de transports.
Mais plus concrètement, comment ça marche ? Et en quoi le concept va-t-il révolutionner le marché des transports traditionnels ?
Le MaaS, en quoi ça consiste ?
Le MAAS est un concept de mobilité urbaine multimodale. Il se donne pour ambition de faciliter la vie des usagers de transport urbain en mettant à leur disposition un abonnement et une plateforme uniques pour rechercher des itinéraires multi-modaux et les réserver en une seule fois.
Plus concrètement, la seule chose dont vous vous préoccupez c’est où vous souhaitez aller et quand. Tel un assistant personnel, une application smartphone vous propose ensuite les chemins les plus rapides, les moins chers ou les plus confortables, ces chemins étant des combinaisons de modes de transports multiples, qu’ils soient publics, privés ou partagés.
D’un point de vue de l’offre, le MaaS s’inspire du fonctionnement de la téléphonie mobile : différents forfaits pour différents profils. L’étudiant pourrait par exemple avoir un forfait incluant le vélo et les transports publics illimités, 600 KM voiture de location et 100 KM de VTC. Ces offres sont proposées par des opérateurs de MaaS, qui achètent des services de mobilités à des transporteurs et les revendent sous forme de packages.
En termes d’initiatives, l’un des premiers projets concrets a vu le jour à Göteborg en Suède. Pendant une phase de test de plus de six mois, 70 ménages ont souscris à un service payant de mobilité assez complet proposé par l’opérateur UbiGo. Ce service combine différents modes de transports : les transports publics, le covoiturage, la location de voitures, le taxi et le vélo, le tout accessible par paiement unique à partir d’une application. Après cette première phase de test très encourageante, UbiGo et Ericsson ont annoncé ce mois-ci un partenariat pour lancer commercialement le service en Suède au printemps 2016. Ericsson fournirait la plateforme technique alors qu’Ubigo travaillerait sur le business model.
D’autres projets similaires émergent dans plusieurs villes d’Europe comme en Autriche avec le Smile project ou en Finlande avec le test d’un service de MaaS initié par l’institut de recherche ITS Finland qui donnera lieu à un déploiement national l’an prochain. Pour l’instant cantonnés sur une ville ou un pays, il est aussi largement envisagé que les opérateurs de MaaS puissent proposer des services de mobilité à l’international via leur application unique.
La révolution du MaaS est en marche
Le concept parait très novateur, et pourtant il n’est pas si jeune. De nombreux abonnements donnent déjà accès à des modes de transport variés (la carte Navigo en Île-de-France par exemple qui donne accès au bus, metro, RER et tramway).
Ce qui a changé ?
C’est la diversité des modes de transports disponibles (avec l’apparition du covoiturage des VTC, du car sharing…) et le développement des nouvelles technologies qui permet de traiter des données plus complexes et nombreuses (par exemple, les calculs d’itinéraires et le paiement des différents services en une fois).
Et qu’apporte le MaaS ?
Du point de vue des usagers, cela permettra de leur simplifier l’utilisation des différents transports qui leur conviennent grâce à la réservation et au paiement uniques, d’étendre leur zone de mobilité, et de faciliter la gestion de leur budget transport global.
Du point de vue des transporteurs, le retour sur investissement sera meilleur puisque les opérateurs de MaaS permettront d’optimiser le taux d’utilisation des différents transports grâce à l’ensemble des données et besoins collectés sur leur application.
D’un point de vue plus global, le MaaS s’annonce être une alternative écologique à l’utilisation de la voiture personnelle puisque le propre du MaaS est de remplacer le produit (la voiture personnelle) par le service (le transport) et de réduire ainsi la pollution urbaine.
Bien que les acteurs du MaaS ne soient pas encore très nombreux, le marché est alléchant et les initiatives se multiplient. D’après Nicolas Samsoen, directeur stratégie et innovation du groupe français Transdev. « En France, le chiffre d’affaires du transport public est de l’ordre de 25 milliards d’euros. Celui de la mobilité est six fois plus élevé »
Par ailleurs, une nouvelle alliance a vu le jour il y a tout juste deux mois au dernier congrès mondial des systèmes de transports intelligents à Bordeaux. Cette alliance réunie une vingtaine d’organisations européennes qui coopèrent désormais activement dans de but de construire une approche commune du Maas à l’échelle de l’Europe.
Le MaaS semble avoir de beaux jours devant lui. Mais le modèle de mobilité nordique est-il facilement applicable à d’autres pays ? Tous les transporteurs accepteront-ils de partager leurs données avec les opérateurs ? Quelle(s) association(s) avec les supports billettiques existants ?
De nombreux défis doivent encore être relevés…