Ces dernières années ont été l’amorce d’une tendance massive à la réduction de l’utilisation des voitures en ville. Des mesures sont mises en place avec l’objectif de désengorger les centres-villes des voitures et offrir aux habitants un cadre de vie plus agréable, moins pollué et moins bruyant. Volonté dont la croissance se confirme par les résultats des élections municipales de 2020.
Bien que les habitants intra-muros disposent d’un accès à des alternatives à la voiture (transports en commun, vélos…), qu’en est-il des habitants de la grande couronne ? En 2015, alors que 12% des parisiens utilisaient leur voiture pour aller travailler, ce chiffre grimpait à 59% pour ces derniers.
Pour faire face à cette disparité, les villes ont alors cherché à encourager les habitants en périphérie à utiliser davantage les transports en commun et moins leur voiture, en leur facilitant la multimodalité, c’est-à-dire l’utilisation de plusieurs modes de transports entre deux lieux.
C’est un ainsi qu’a été encouragée la construction de parcs relais en périphérie des métropoles.
Qu’est-ce qu’un parc relais ?
Au début conçus comme un instrument politique en faveur des transports publics, les parcs relais se sont développés plus largement ces dernières années. Ils sont généralement reliés à un moyen de transport « lourd » (train, tramway, métro) et permettent aux voyageurs habitant en périphérie des villes de se passer de leur voiture sur une partie de leur trajet.
Certaines conditions sont cependant nécessaires pour encourager les automobilistes à utiliser ces infrastructures, comme leur facilité d’accès et niveau de sécurité, la difficulté de se garer en centre-ville ou encore des tarifs préférentiels.
Quelle stratégie de tarification est utilisée ? Focus sur différentes métropoles françaises.
Plusieurs stratégies de tarification sont à la main des opérateurs de transport. L’avantage économique est cependant toujours concédé à l’utilisateur dans un soucis d’attractivité, en dépit de l’équilibre financier des parcs relais. Voici l’exemple de trois métropoles françaises, qui ont toutes adopté des stratégies différentes :
Infographie – stratégie de tarification des parcs relais de Paris, Lyon et Bordeaux
Ces parcs sont ouverts en journée mais l’accès est refusé la nuit pour éviter le stationnement « ventouse », c’est-à-dire les véhicules garés trop longtemps, et gagner en fluidité sur ces infrastructures.
Quelles infrastructures sont développées pour faciliter l’accès sans voiture en centre-ville ?
D’après les scénarisations conduites par l’étude du forum Vies Mobiles « Post-car-Île-de-France », dévoilée en en octobre 2019, un Paris sans voitures n’est pas envisageable sans une refonte de l’aménagement, malgré les aspirations à plus de multimodalité et un contexte relativement favorable. Cependant, un pack de solutions incitatives permettrait un pas de plus significatif vers cet objectif : le développement des transports en commun, la mise en place de nouveaux usages de la voiture et le développement des parkings relais.
C’est dans ce cadre qu’Île-de-France Mobilités vote en 2017 la création de 10 000 places en parking relais pour 2021 avec des structures aux abords de gares en banlieue parisienne cumulant un budget total de 78 millions d’euros, dont 70% sont financés par Ile-de-France Mobilité.
Cependant, la simple augmentation du nombre de places de parking ne suffira pas à elle seule. La stratégie de parc relais doit s’inscrire dans une réflexion plus dynamique, avec un parcours utilisateur facilité et une transmission d’informations en temps réel aux utilisateurs.
Quelle importance d’une transmission d’informations aux usagers ?
La DRIEA (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement) a conduit une étude exploratoire en 2018 sur les conditions de rabattement des usages de véhicules individuels vers les transports en commun, notamment dans le cadre du projet Grand Paris Express.
Cette étude a relevé l’importance d’une communication aux automobilistes comme incitation à l’utilisation des parcs relais. Cette communication doit passer dans un premier temps par une signalétique claire sur les routes voisines de ces infrastructures. Mais l’étude fait notamment ressortir le besoin d’une transmission d’informations plus dynamique aux usagers en temps réel pour influencer leurs décisions via les différents canaux numériques à disposition des conducteurs : GPS, smartphone …
A titre d’exemple, lors de forts embouteillages, une application mobile pourra proposer un itinéraire alternatif comprenant l’utilisation des transports en commun, avec la garantie qu’il trouvera une place de parking lui donnant un accès simple au réseau de transport.
Le domaine routier est encore une conquête récente des technologies du numérique et peut s’intégrer au concept Mobility as a Service (MaaS), qui a pour ambition de proposer aux usagers une offre multimodale via une seule application. Par exemple, Citymapper, l’entreprise londonienne, offre une application de calcul d’itinéraire multimodal grâce à l’Open Data, qui permet à l’utilisateur d’optimiser son temps de trajet en récoltant des données appartenant à différents services de mobilité (réseau public de transport, VTC, carsharing…).
Des informations en temps réel sur la disponibilité de parcs relais pourraient alors s’intégrer aux itinéraires multimodaux proposés par de nombreuses applications, et ainsi promouvoir et développer l’utilisation des P+R.
Il existe déjà des services de cartographie en temps réel, comme le propose l’entreprise Flowbird (anciennement Parkeon) et qui permet aux utilisateurs de trouver facilement et rapidement une place de stationnement.
Les parkings relais se positionnent donc comme un atout indispensable en réponse aux enjeux de la mobilité de demain : gestion du trafic, sécurité routière, capacités de stationnement, empreinte environnementale. Beaucoup de projets de construction/labellisation de ces infrastructures voient le jour, de même que la volonté de promouvoir leur utilisation et intégration aux schémas de multimodalité.