Initié en 2007 et réalisé par la Société du Grand Paris dans le cadre d’un accord avec le Syndicat des Transports d’Ile de France (STIF), le Grand Paris Express est un projet d’envergure visant à réaliser 200 kms de lignes et à bâtir 68 nouvelles gares en impactant 140km² de zone urbaine avec un investissement de près de 22 milliards d’euros. Les enjeux du Grand Paris Express sont multiples : Ce projet doit permettre de faciliter les déplacements des voyageurs Franciliens, de désenclaver les territoires et de relier les principaux pôles d’innovation, de services et d’emploi.
Loin d’être un simple projet de transport, le Grand Paris Express représente aussi un investissement pour le XXIe siècle avec un défi technologique de transformation numérique et digitale.
Le métro le plus digital au monde
C’est l’une des ambitions phares du projet du Grand Paris Express. A l’heure actuelle, la qualité des infrastructures de transport et l’environnement numérique représentent les principaux facteurs d’attractivité de grandes métropoles mondiales. Avec le Grand Paris Express, la Société du Grand Paris anticipe les nouvelles synergies entre digital et transport. En effet, le futur métro doit venir bouleverser l’expérience des utilisateurs par un accès permanent à leur univers de services collaboratifs. Cependant, la principale question qui vient à l’esprit est la suivante : « Quels moyens d’actions souhaite développer la Société du Grand Paris pour répondre à ces enjeux d’amélioration de la qualité des services proposés aux usagers ? »
Tout d’abord, en déployant sur les 200 kms de voies à venir la fibre optique. Cette première piste va permettre d’une part de sécuriser le réseau et d’autre part d’améliorer l’existant en développant les territoires Franciliens et en réduisant la fracture numérique interconnectant des territoires qui ne l’étaient pas jusqu’à maintenant. A l’heure actuelle, 4 millions de logements en Ile-de-France sont éligibles à la fibre optique avec une augmentation de 38% entre 2014 et 2015. La capacité de transmissions de cette solution va avoir un rôle clé pour la communication des voyageurs, le développement numérique et l’anticipation des besoins du Grand Paris pour les 20 prochaines années au minimum.
Par ailleurs, les efforts concernant les centres de données numériques ont été décuplés. On compte aujourd’hui 56 Datacenter en Ile-de-France soit approximativement un tiers des Datacenter disponibles dans toute la France. La France représente le 3e pays en Europe et le 5e pays au monde en la matière derrière les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Canada. Cette seconde piste suscite un intérêt fort dans le but d’anticiper une demande des pouvoirs publics de disposer de sites de proximité pour accueillir des données publiques. Les Datacenter seront positionnés dans les entreprises souterraines des gares ou le long du tracé du Grand Paris Express, où des espaces résiduels auront été identifiés. Le stockage et l’analyse des données est un enjeu fort dans le développement du métro digital. Ces deux aspects apporteront des applications innovantes centrées sur le Big Data, l’Open Data, le Crowdsourcing et de manière plus générale sur les objets connectés. Les Datacenter seront alors mis à disposition des activités innovantes des PME et des collectivités territoriales afin de les accompagner au mieux dans leur transformation numérique. Ils pourront également être utilisés pour des usages bien différents. Par exemple, l’interconnexion du Datacenter avec d’autres bâtiments permettra l’ouverture d’opportunités d’optimisation énergétique grâce à un Smart Grid à l’échelle du quartier ou de la ville ; mais il sera également possible d’utiliser la chaleur dégagée par le Datacenter pour chauffer les logements du quartier.
Les gares au centre de cette révolution digitale
Cependant, la révolution numérique du Grand Paris devra également passer par une exploitation de l’ensemble des espaces de la gare, par un accès sans fil à très haut débit et par la mise à disposition d’espaces de co-working.
Les usages mobiles des voyageurs Franciliens ont fortement augmentés ces dernières années. Aujourd’hui, chacun souhaite accéder directement à ses contenus professionnels ou personnels depuis leur ordinateur, smartphone, ou tablette. Contrairement à une métropole comme le Grand Londres, les utilisateurs des lignes de RER A, RER B et du métro 1 peuvent avoir accès à Internet dans les transports. Cependant, sur les 369 gares présentent actuellement sur le réseau, seulement 66 sont équipées. L’accès à un réseau sans fil à très haut débit avec le Grand Paris Express est le moyen d’assurer une qualité de service et de diffuser des applications ou des contenus propres à l’environnement du métro. Les applications pour ces réseaux sans fil seront dès lors multiples : décharger les réseaux mobiles couvrant le Grand Paris Express par un basculement automatique, offrir une connectivité à moindre coût pour les voyageurs étrangers, favoriser la création de réseaux communautaires entre les voyageurs et avec les commerçants. La favorisation de la création d’un écosystème numérique permettra également de fournir des solutions flexibles pour le mobilier des gares, des stations et des tunnels. En effet, les gares présentent une forte concentration de bornes, automates et capteurs qui nécessitent une connexion aux réseaux informatiques. Le déploiement de câbles est généralement contraignant en matière de coût, délai et complexité. En s’affranchissant de ces contraintes physiques, le Grand Paris Express fait le choix de faciliter les déplacements dans la gare, d’améliorer la gestion des possibles travaux ou bien de permettre la mise en place de dispositifs numériques temporaires comme les caméras ou les contrôles d’accès rendant la gare modulable et adaptable à des besoins qui sont en perpétuels évolutions.
L’Ile-de-France présente la particularité (parfois peu appréciée) de connaître une très forte congestion du réseau de transport lors des heures de pointes. En créant des lieux de co-working, le Grand Paris fait le pari du développement du télétravail. Ces « tiers-lieux » qui seront implantés dans les gares ou à proximité permettront aux voyageurs du Grand Paris Express de nouvelles opportunités d’innover, de communiquer ou de travailler à distances. Les entreprises sont également à des lieux semblables qui vont alors leur permettre de diminuer leurs coûts fixes, sachant qu’en région parisienne, les coûts immobiliers représentent environ 4500€ par an et par employé. Avec cette solution, le Grand Paris Express vise à diminuer les pointes de fréquentation sur certaines lignes et sur certaines gares.
Avec le Grand Paris Express, la Société du Grand Paris vise à favoriser la collaboration entre les voyageurs et les entreprises en créant une émulation autour de l’innovation et du numérique. L’un des atouts fort de ce projet et de posséder un vivier fort de start-up innovantes qui pourront dès lors s’enrichir mutuellement. Il insuffle également une dynamique encourageant l’innovation constituant un véritable terrain d’expérimentation. Cependant, le pari du métro le plus digital au monde ne sera réussi que s’il permet en partie au Grand Paris de s’imposer comme une locomotive pour les porteurs de projets numériques, et en devenant la région la plus connectée d’Europe où la circulation des données est réelle et efficiente pour tous.
Cet article met parfaitement en lumière les enjeux qui peuvent modifier favorablement l’attractivité du Grand Paris face à la concurrence des autres mégapoles européennes, voire mondiales. A l’heure d’un Brexit qui pourrait pousser des entreprises à quitter Londres, il apparaît opportun de travailler à rendre cohérente l’organisation politique et administrative de Paris en terme de transports. Partagées entre la Mairie de Paris, la Région et le Gouvernement, les responsabilités diffuses ne doivent pas devenir un frein aux buts recherchés….. si bien décrits dans cet article.