Positionné sur les trajets moyenne et longue distance, Blablacar, c’est une présence dans 22 pays, dont l’Inde et le Mexique, 10 millions de voyageurs par trimestre et une croissance annuelle de 200%…. Blablacar a fait du développement international un de ses piliers stratégiques. Dans un fort contexte concurrentiel, comment Blablacar s’y prend-elle pour conserver son « first mover advantage » ?
Un contexte international favorable pour se développer
Plusieurs critères entrent en jeu dans son développement express : la crise économique mondiale pousse les consommateurs à réduire leurs dépenses, la prise de conscience écologique ainsi que les mesures qui en découlent (mise en place de circulation alternée), l’essor du digital qui facilite les mises en relations entre covoitureur.
Blablacar s’inscrit donc comme une réponse cohérente au besoin de voyager à petits prix dans bon nombre de pays. Les pays cibles sont ceux qui présentent une réelle incitation financière au covoiturage, un avantage le plus souvent présent en raison d’un coût de l’essence et de l’assurance automobile élevés ainsi que des réseaux de transport en commun peu développés et/ou onéreux. À cela s’ajoute la nécessité d’atteindre un nombre d’habitant, une qualité des infrastructures routières et une couverture telecom critiques. La startup vise en priorité les pays de plus de 50 millions d’habitants, avec un bon taux d’équipement mobile et où les trajets intercités (entre villes) durent entre 1 et 4 heures. À titre d’exemple, la plateforme de covoiturage apporte en Russie une parade à la crise économique tandis qu’elle répond en Inde à la problématique des transports saturés et de la pollution.
Comment procède Blablacar pour s’implanter dans un nouveau pays ?
Blablacar connait une expansion internationale très rapide : ouverture dans 8 pays en 12 mois et ce, en visant les pays à plus fort potentiel. La startup est leader dans les pays où elle est présente : Entre 70 à 90% de part de marché, à l’exception de l’Allemagne, qui avait déjà un leader dans le covoiturage. Blablacar est dans une situation particulièrement avantageuse : elle propose la plateforme de covoiturage la plus aboutie du monde , a une forte capacité de financement grâce à des levées de fonds, dont la plus récente s’élève à 100 millions de dollars, et rencontre des marchés quasi vierges.
Lancer une plateforme de covoiturage nécessite un investissement initial important pour atteindre un nombre d’utilisateur critique. Blablacar s’appuie sur des levées de fond pour booster ses implantations, et faire passer l’innovation avant la recherche de profitabilité. Cela permet de gagner en rapidité, dans un domaine où le maitre mot est la conquête de nouveaux marchés.
Quelle que soit sa méthode d’implantation, que ce soit par croissance externe ou croissance organique, le géant du covoiturage intègre systématiquement des ressources locales, car la connaissance du marché locale est incontournable. Ainsi, la crainte de voyager avec des inconnus en Inde a incité Blablacar à enrichir en information les profils, en intégrant par exemple la copie des pièces d’identité . Le géant mène en priorité des actions marketing en s’appuyant sur les réseaux sociaux, en nouant des partenariats avec des acteurs locaux pour renforcer l’esprit de communauté et sa visibilité .
Aussi, Blablacar propose dans un premier temps son service gratuitement, à l’instar de la France. Une équipe internationale est de plus en charge de standardiser les processus d’implantation à l’étranger. En parallèle, elle nourrit une culture d’entreprise forte, pour fédérer autour de son ambition, devenir le leader mondial du covoiturage.
Quel avenir pour Blablacar ?
S’il est clair que Blablacar connait aujourd’hui une réelle success story, ses concurrents la prennent désormais au sérieux : Guillaume Pepy, Président du groupe SNCF, la qualifie lui-même comme « l’un des concurrents de la SNCF ». L’activité ferroviaire a d’ailleurs déjà commencé à se positionner à l’échelle nationale via les offres low cost Ouigo et Ouibus et à l’échelle européenne avec le covoiturage en train Thalys . Le transport en bus low cost a aussi tendance à se développer à l’échelle européenne. De plus, Blablacar bénéficie aujourd’hui largement de l’engouement de l’économie collaborative, alimentée par la nécessité de réduire ses dépenses. Qu’en sera-t-il lorsque l’économie aura redémarré ?