La vente en ligne ne cesse d’exploser. De nouveaux acteurs se font une place parmi les acteurs historiques qui renforcent leur position. Le chiffre d’affaires du e-commerce a atteint 2 304 milliards de dollars dans le monde en 2017 ce qui correspond à une hausse du marché de 17,5% par rapport à 2015. Les revenus générés par les transporteurs devraient connaitre une croissance de 8% par an d’ici à 2020 selon Xerfi. On assiste actuellement à une profonde mutation dans ce secteur en plein essor.
L’explosion du e-commerce a une influence importante sur le nombre de colis expédiés à travers le monde. Le voyage d’un colis peut être équivalent à un tour du monde, cependant le dernier kilomètre parcouru par le colis se révèle être un vrai casse-tête pour les entreprises de logistique. En effet, ce dernier kilomètre doit prendre en compte différents facteurs tels que la circulation, le moyen de transport en centre-ville pour l’acheminement vers le client ou encore la disponibilité du client pour réceptionner le colis.
Dès lors que les clients commandent sur internet un produit, ils souhaitent avoir une large palette de possibilités. Ils veulent avoir le choix du lieu et de l’heure de la livraison et avoir accès à un maximum d’informations instantanées sur leur livraison. Les clients s’attendent aujourd’hui à avoir une livraison de plus en plus rapide et à moindre coût, ce qui devient complexe pour les entreprises, car les modèles actuels de livraison en centre-ville ne sont pas viables financièrement et logistiquement sur le long terme.
1. Dans quelle mesure le dernier kilomètre est-il un enjeu pour l’économie et l’aménagement des centres villes ?
Les demandes de plus en plus contraignantes des utilisateurs poussent les entreprises et les agglomérations à redessiner le schéma de distribution pour le dernier kilomètre parcouru du colis. C’est un fait, les villes telles qu’elles ont été bâties ne sont pas conçues pour absorber autant de flux créés par les livraisons qui découlent des ventes en lignes. Comme évoqué précédemment, le commerce en ligne va continuer à exploser dans les années à venir, il est alors essentiel pour les villes et les entreprises de trouver une solution commune. L’objectif étant d’avoir un modèle de livraison rentable pour les entreprises, et de désengorger les routes afin de diminuer la pollution des villes. Actuellement, selon l’ADEME le transport de marchandises en ville représente une occupation de la voirie à hauteur de 30%, ce qui pourrait être amené à augmenter si une solution n’est pas trouvée dans un futur proche.
Par ailleurs, les nouveaux services de livraison instantanée bouleversent l’écosystème de la logistique et créent beaucoup plus de flux dans les agglomérations. Afin de répondre à ces nouvelles attentes Amazon développe actuellement son réseau de distribution, Amazon logitic, pour être moins dépendant des entreprises de livraison et ainsi proposer de plus grandes plages horaires de livraison pour ses clients.
Certaines villes imposent désormais des tranches horaires de livraisons provoquant ainsi un afflux de camions parfois couplé aux déplacements individuels des habitants. En effet, à Strasbourg, les véhicules « classiques » ne peuvent livrer qu’entre 6h et 10h30 alors que les véhicules moins polluant ont le droit à une heure de plus. Les transporteurs questionnent la pertinence d’investir dans des moyens de transport plus propres pour profiter d’une heure supplémentaire de livraison. En revanche, les vélos électriques ont l’autorisation de livrer toute la journée dans le centre-ville de Strasbourg, ce qui génère moins de bruit et moins de pollution.
De plus, les réglementations sont spécifiques à chaque ville ou région ce qui rend difficile un système de livraison uniforme pour une entreprise opérant sur l’ensemble du territoire. En effet, les nouvelles règlementations instaurées dans la plupart des centres-villes, comme l’interdiction future des véhicules roulant au diesel, les zones piétonnières ou les problèmes de circulations et de stationnement ne facilitent pas les livraisons.
Le dernier kilomètre est la partie la plus coûteuse pour les entreprises dans la supply chain du produit. En effet, il représente 41% des coûts alors que l’entreposage représente seulement 13%. Par ailleurs, les transporteurs sont de plus en plus réticents à livrer les centre villes. Le défi du dernier kilometre représente un coût unitaire nettement plus élevé que le transport du colis au début du parcours.
2. Quel avenir pour la livraison ? : Focus sur les différentes solutions de livraisons innovantes.
Les entreprises cherchent des solutions afin d’être toujours plus efficaces et rentables dans un contexte où la concurrence est de plus en plus rude et diversifiée. L’infographie ci-dessous décrit les différentes innovations dans le secteur de la livraison et des alternatives qui peuvent exister à la livraison traditionnelle. Les acteurs sont des entreprises ayant une renommée internationale dans le secteur, mais également des starts up qui se positionnent sur des marchés de niches pour le moment mais qui offrent de nouvelles perspectives dans le domaine. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs signé des partenariats avec des grands groupes.
Bien que non exhaustif, ce panorama présente quelques innovations en réponses aux problématiques des entreprises de logistiques des clients mais aussi des villes. Pour répondre aux nouveaux besoins des villes et des entreprises, les nouvelles technologies vont redessiner le paysage du dernier kilomètre urbain. En effet, selon le cabinet McKinsey d’ici à 2025, 80% des livraisons se réaliseront grâces à des moyens de locomotions autonomes.
3. Diversification des services
En dehors des nouvelles technologies, une startup a trouvé une solution alternative afin de résoudre la problématique du dernier kilomètre et de la disponibilité des clients pour réceptionner leur colis. La startup Colibou propose de réceptionner les colis des particuliers à son entrepôt et de livrer les colis entre 20h et minuit à ses clients moyennant un tarif de 3,99€ par livraison. Il suffit au client d’effectuer ses achats sur les sites e-commerce qu’il fréquente habituellement puis de mettre comme adresse de livraison l’entrepôt de la startup Colibou qui aura elle-même l’adresse du client qui le lui aura communiqué lors de son inscription sur la plateforme. Par la suite, la startup entre en relation avec le client afin de choisir un créneau horaire adapté aux disponibilités du client.
A présent, Airbus a décidé de s’attaquer à un nouveau challenge qui est la livraison entre la terre et la mer. En effet, Airbus est actuellement en train de tester un drône qui livrerait les cargos au large de Singapour en mer depuis la terre. Skyways, drone hélicoptère a ainsi livré un colis de 1,5 kg à un cargo qui était à 2km des côtes singapouriennes. Ce drone est conçu pour transporter des colis jusqu’à 4kg dans un rayon de 3 km, pèse 30 kg et a une envergure de 2,4 mètres. Ce moyen de livraison innovant a mis moins de 10 min pour effectuer la traversée. Ce nouveau service sera efficace pour les demandes urgentes comme des médicaments ou encore des pièces mécaniques. Ce drone assure un service plus rapide, plus fiable et plus écologique par rapport à des bateaux qui font actuellement la navette entre les côtes et les cargos. Selon Airbus, les livraisons par drones sont jusqu’à 6 fois plus rapides que par bateau, abaissent le coût de transport jusqu’à 90% et en réduisent l’empreinte carbone. Par ailleurs, ces drones sont automatisés et capables de charger et décharger sa cargaison de façon autonome. Ces drones sont également amenés dans le futur à être exploités dans les centres villes.
Conclusion et futur
Les drones terrestres et volants ont le vent en poupe. D’une part, ils permettent de répondre à certaines problématiques comme la livraison dans la journée, la décongestion des routes et permettent plus de flexibilité pour le client. D’autre part, ils pallient une nouvelle problématique à laquelle le secteur fait face c’est-à-dire le manque de chauffeurs livreurs . En effet, les nouveaux travailleurs étant habitués à plus de flexibilité et à faire les horaires qu’ils souhaitent, la main d’œuvre se dirige automatiquement vers des plateformes de VTC tel qu’Uber qui rassemblent un grand nombre de chauffeurs. Les entreprises de livraison et même les entreprises de transport ont de plus en plus de mal à attirer de nouvelles personnes et font donc face à une pénurie de chauffeurs sans précédent.
Par ailleurs, les drones autonomes vont se déployer et devenir une norme pour les livraisons en centre-ville, il sera nécessaire de prendre en compte les possibles problèmes légaux qui pour le moment n’ont pas trouvé de solutions dans l’ensemble des grandes villes.
Pour conclure, la livraison du dernier kilomètre s’est toujours révélée être complexe et malgré toutes les nouvelles technologies et nouvelles solutions qui apparaissent et qui vont révolutionner la livraison, il faudra tout de même faire face à des problématiques politiques et règlementaires avant que les nouveaux modes de livraisons se démocratisent à grande échelle.
Article très complet qui n’oublie pas l’angle de vue des villes. L’innovation grâce à la pénurie de chauffeurs!