La SNCF a dévoilé, le 25 janvier dernier, sa nouvelle offre destinée aux 16 – 27 ans : TGVmax. Ce nouvel abonnement pourrait lui permettre de reconquérir une cible qui a eu tendance ces dernières années à délaisser le train pour se tourner vers des moyens de transport plus économiques et plus flexibles comme le covoiturage ou les autocars Macron.
LES MODALITES DE L’OFFRE TGVmax
En contrepartie d’un abonnement mensuel de 79€, les jeunes voyageurs de 16 à 27 ans pourront voyager de manière illimitée à bord des TGV et des trains Intercités à réservation obligatoire. Réservable depuis le site internet de la compagnie ferroviaire en échange de documents d’identité, cet abonnement donnera accès à 94% du réseau SNCF, soit 250 destinations, le tout à un prix très compétitif lorsque l’on sait que le prix moyen d’un trajet en TGV est de 48€. Une fois à bord du train, il suffira de présenter son e-billet et sa pièce d’identité pour justifier la validité de cet abonnement dématérialisé. En cas d’imprévu, il sera possible d’annuler son billet sans frais jusqu’à la dernière minute. Ce nouveau produit 100% digital semble donc idéal pour les jeunes voyageurs ayant besoin de voyager fréquemment.
Ils devront cependant respecter certaines conditions pour que leurs trajets soient éligibles à cette offre. En effet, ils devront s’engager pendant trois mois, et voyager en seconde classe. Ils ne pourront réserver qu’un seul billet par jour au départ de la même gare et ne pourront pas cumuler plus de 6 réservations à la fois. De plus, les réservations ne seront ouvertes qu’un mois avant le départ au lieu de trois mois pour les autres voyageurs et les places disponibles dans les trains circulant en période de pointe seront limitées. Enfin si le jeune voyageur souhaite mettre fin à son abonnement, il pourra le résilier après 3 mois d’abonnement moyennant 15€ de frais de dossier.
Quelques petites contraintes organisationnelles donc, mais qui ne devraient pas remettre en question la compétitivité de cette nouvelle offre.
UNE OFFRE POUR RECONQUERIR UNE CIBLE DESINTERESSEE
Le lancement de cet abonnement intervient dans un contexte de reconquête d’une tranche d’âge qui s’est plutôt désintéressée du train au profit des nouveaux modes de transport collaboratifs. La dernière étude de l’ARAFER (Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières), a d’ailleurs montré que les jeunes voyageurs représentent 21% de la clientèle des autocars Macron et une étude interne de BlaBlaCar a montré qu’ils représentent plus de 50% de ses membres.
Ces résultats nous éclairent sur le décalage qui existe entre les attentes des jeunes voyageurs et les offres de la SNCF, d’où le manque d’attractivité de la société auprès des 16 – 27 ans. En effet, les jeunes voyageurs ont pris pour habitude d’organiser leurs voyages à la dernière minute. Rachel Picard, patronne de l’activité TGV, a confié au journal Les Echos que « la moitié des 18-24 ans achètent leurs billets une semaine avant le départ, et un sur huit se décide la veille ou le jour même. »
Cependant, la politique tarifaire de la société, basée sur le Yield Management, fait évoluer le prix du billet en fonction de la date de réservation. Plus le client s’approche de la date de départ, plus le prix de son billet sera élevé. Une politique qui ne correspond donc plus aux habitudes d’achat des 16 – 27 ans. La SNCF souhaite ainsi, avec cette nouvelle offre, contourner ce mécanisme et faire coïncider les pratiques des jeunes voyageurs avec ses produits.
Elle espère devenir compétitive et attractive face aux nouveaux acteurs du transport et veut par-dessus tout que les jeunes voyageurs envisagent de nouveau de prendre le train pour leurs trajets. Ceci lui permettrait de fidéliser cette clientèle et de replacer le train dans ses habitudes de transport.
UNE OFFRE QUI RISQUE DE BOULEVERSER LA GAMME DE PRODUITS SNCF
Cependant, on ne peut s’empêcher de remarquer que cet abonnement vient s’ajouter à de nombreuses offres existantes qui adressent déjà cette cible :
/ La Carte Jeune : utilisée par un million de 12- 27 ans, permet, pour 50€ par an, d’accéder à des réductions de 30% sur les TGV et les Intercités et de 25 à 50% sur les TER.
/ La Carte iDTGVMax : limitée à 10 000 abonnements, permet de voyager pendant un an de manière illimitée sur le réseau iDTGV contre un abonnement mensuel de 64,99€.
/ La Carte week-end : permet, pour 75€ par an, d’avoir des réductions sur les trajets incluant un week-end.
/ Le TGV Pop : permet de voyager à des prix semblables à ceux proposés par le covoiturage.
/ Ouigo : l’offre low cost de la SNCF, permet d’accéder à trajets à partir de 10€ par voyageur.
On peut donc naturellement penser que l’abonnement TGVmax va venir bouleverser l’écosystème des offres de la compagnie ferroviaire puisqu’on remarque de nombreuses similitudes entre ces différents produits (prix de vente, durée de validité, réductions appliquées, trains concernés…). La SNCF a d’ailleurs précisé, lors de la conférence de presse dédiée au lancement de TGVmax, que cette offre venait compléter l’offre TGV pop lancée en juin 2015, que la Carte Jeune était maintenue, mais que la carte iDTGVMax était amenée à disparaître.
La SNCF affine donc ses offres envers les 16 – 27 ans en proposant des produits qui correspondent mieux à leurs attentes identifiées et à leurs pratiques de réservation : économie, spontanéité et flexibilité. Pour évaluer la réussite de ce projet, il faudra être attentif au nombre d’abonnements TGVmax réservés et le mettre en rapport avec la suppression des cartes iDTGVMax, regarder si la SNCF parvient à regagner des parts de marché sur cette cible par rapport aux entreprises de covoiturage ou aux autocars Macron et voir si une telle mesure améliore le taux de remplissage des trains qui se situe aujourd’hui entre 65% et 70%.
Pour les intéressés par cette offre, la SNCF a mis en place un simulateur permettant de visualiser tous les trains ouverts à la réservation dans le mois à venir.