De l’Apple Watch aux maisons intelligentes, les objets connectés envahissent notre quotidien : l’Idate estime à environ 42 milliards le nombre d’objets connectés en 2015, avec un taux de croissance moyen de 14% par an. Le transport est également concerné par ce développement fulgurant, dont la principale actualité concerne les voitures connectées, qui devront représenter plus de la moitié des ventes de voitures d’ici à 2018. Transport Shaker vous propose un tour d’horizon des objets connectés qui bousculeront vos habitudes de mobilité.
La ville connectée, pleine de promesses
Retour du travail, tard le soir, les rues sont désertes. Au passage du travailleur citadin, le feu passe automatiquement au vert, les lampadaires sur son chemin détectent automatiquement sa présence et s’allument, son GPS le dirige en temps réel pour lui faire éviter le tram bloqué sur la voie. Fiction ou réalité?
Bien qu’elles nécessitent une multiplication des capteurs et une gestion très fine des données, ces initiatives commencent à se développer et à connecter progressivement nos villes. A ce titre, JC Decaux s’inscrit tout à fait dans cette dynamique en « connectant » ses abribus : la société a installé depuis mars 2015 1920 abribus connectés à Paris (en remplacement des existants), afin de faciliter l’accès aux informations en temps réel sur l’état du réseau, de rechercher un lieu sur une carte via un écran tactile, ou encore de recharger son portable. Un changement apprécié par certains, boudé par d’autres qui n’y voient qu’une perte de confort. Banc trop petit, toit qui ne protège pas de la pluie, vent qui se faufile… Peut être le prix d’un design qui s’adapte à la technologie.
De plus, il existe également déjà des projets de feu tricolore intelligent, comme sur la bretelle d’entrée de l’autoroute de Dunkerque à Lille. En test d’août 2015 à juin 2016, la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie espère ainsi limiter, grâce à un capteur, l’encombrement de la voie, en laissant les usagers s’insérer au compte-gouttes. Depuis septembre, le feu s’est déclenché fréquemment sur les heures de pointes, et n’a pas augmenté le niveau d’accidents sur la bretelle. Un bilan plutôt positif donc, qui pousse la région à investir à nouveau dans cette technologie, avec un feu qui passera au vert lorsque les voies perpendiculaires sont inoccupées, vers Dunkerque. Un premier pas pour une innovation qui n’en est encore qu’à ses débuts.
La multiplication des capteurs ne suffira toutefois pas à rendre notre mobilité en ville plus intelligente en temps réel. Le traitement des données, la sécurité des objets connectés, et leur intégration dans l’urbanisme seront des obstacles majeurs à surmonter pour donner vie à la ville complètement connectée. Néanmoins, ces initiatives contribueront à améliorer les déplacements en ville, en rendant notamment la gestion du trafic et des transports en commun plus intelligente et efficace.
Des trajets plus agréables avec la voiture connectée
Les équipementiers, les constructeurs automobiles et les géants du web s’y attellent tous : la voiture connectée sous toutes ses formes promet de gagner des parts de marché dans les années à venir. Elles réservent pléthore d’applications pour améliorer le confort et faciliter la conduite, avec pour seule limite la sécurité. En effet, ces fonctionnalités ne doivent pas dissiper l’attention du conducteur. On retrouvera les mêmes loisirs et outils pratiques des smartphones, en ajoutant d’autres services « orientés conducteur », comme le suivi de la consommation et le dépannage, l’assistant de parking ou la clé virtuelle sur son téléphone, la gestion du trafic et le dépassement sécurisé. Autant de gadgets qui permettront de simplifier vos trajets quotidiens. Attention toutefois, à chaque nouvelle fonction se posera la question de la sécurité : le conducteur ne risque-t-il pas d’être déconcentré, en se mettant en danger lui-même comme autrui ?
Enfin, malgré les obstacles législatifs, la voiture autonome est de plus en plus fréquemment citée comme le mode de transport de demain. En effet depuis l’été 2015, la voiture autonome de Google sillonne les routes de Mountain View en Californie, d’Austin au Texas, et de Kirkland dans l’État de Washington. Ces voitures ont déjà parcouru près de 2 millions de kilomètres, avec toutefois un chauffeur à leur bord pour éviter les accidents en cas de dysfonctionnement. En matière de sécurité, on apprend que sur la période du 24 septembre au 30 novembre 2015, le conducteur a dû reprendre la main 341 fois pour éviter un accident potentiel, et 13 accidents se seraient certainement produits s’il n’était pas intervenu. Ce chiffre peut paraître important dans une période de 2 mois, mais il doit être ramené aux 680 000 kilomètres parcourus sur cette période. Bien qu’il y ait encore de la marge pour progresser et rendre la voiture autonome plus fiable qu’un humain, cette innovation promet d’incarner un nouveau mode de transport.
La mobilité avec la montre connectée
Depuis le début du mois, l’application « MobileNow! » permet aux résidents de plusieurs Etats américains de se garer grâce à leur Apple Watch, sous la seule contrainte d’avoir leur iPhone à portée. L’application permet d’obtenir un ticket par simple scan du QR code du parcmètre. On choisit ensuite la durée avant d’être débité automatiquement. Ainsi, pas besoin de monnaie, de carte de crédit, ni même de sortir son portable pour payer son parking. L’application envoie même une notification lorsque le temps de parking arrive à expiration.
Si l’application n’est pour l’instant disponible que dans un nombre limité de parkings, l’initiative tend à remplacer l’argent physique par des accessoires connectés et ainsi à changer nos habitudes en voiture. Mais connaître précisément l’instant où son parking prend fin présente aussi des inconvénients : certains utilisateurs se sont plaints de recevoir une amende à la seconde où la période prend fin, sans possibilité de racheter un ticket comme dans un parking classique.
Les grands groupes du transport se montrent également très enclins à développer les montres connectées comme support du titre de transport. Fin 2015 a été annoncée la joint-venture française « Wizway Solution » dédiée au développement de la mobilité sans contact, associant RATP, SNCF, Orange, et la société de sécurité numérique Gemalto. Un utilisateur pourra alors utiliser son smartphone ou sa montre connectée équipé d’une carte SIM NFC pour valider un billet de transport en commun. L’entreprise compte mettre cette solution à disposition des Autorités Organisatrices de Transports et des transporteurs dès la fin de l’année 2016. Le géant américain Apple est également attendu sur ce marché : avec Apple Maps, l’application Wallet et les puces NFC de l’iPhone et de l’Apple Watch, la firme à la pomme dispose de tous les éléments pour développer une solution concurrente, qu’on peut vraisemblablement espérer voir sortir avec iOS10, mi-2016.
Le suivi RFID dans le transport de fret
Depuis une dizaine d’années, une nouvelle technologie est testée dans des industries allant du cosmétique à l’automobile en passant par la pharmacie : la radio-identification, ou RFID.
Constituées d’une puce électronique, d’une antenne et parfois d’une pile, ces composants RFID prennent la forme d’étiquettes, apposées sur un produit ou un lot de produits. Elles permettent d’assurer un traçage précis et en temps réel d’un inventaire, et plus généralement le suivi d’une Supply Chain de bout en bout (stockage, transport, puis acheminement au client final).
Pour réaliser ce suivi en temps réel et connaitre tout mouvement de stock, chaque puce peut être lue, et même émettre des signaux si elle possède une source d’énergie. Ce signalement fait également office d’antivol puisque toute sortie de stock involontaire peut être suivie et localisée grâce aux ondes émises par la puce RFID.
Le suivi du transport de fret par la technologie RFID n’est toutefois pas encore abouti. En particulier, les produits aqueux peuvent fortement réduire le passage des ondes en les absorbant, rendant ainsi difficile la communication entre les puces RFID et le lecteur. Le problème se trouve dans une moindre mesure avec les produits métalliques, qui modifient le champ électromagnétique. De plus, les coûts encore importants de 15€ pour une puce avec pile limitent les applications aux industries à forte valeur ajoutée, comme le luxe ou l’électronique. Les enjeux de développement restent donc encore forts pour aboutir à un outil de tracking de fret robuste, à un prix accessible.
A noter que cette évolution serait une source d’économies majeure pour la mobilité des marchandises des entreprises, dont les écarts d’inventaires s’élevèrent à 4,4 milliards d’euros en France en 2013. Pour lutter contre ces écarts, des sociétés conçoivent des actifs mobiles réutilisables équipés de puces RFID, dans le but d’assurer leur localisation en temps réel (ex: la société toulousaine Ffly4u qui a levé 700 000€ pour développer des palettes connectées).
Les multiples utilisations du drone dans la mobilité
Presque uniquement cantonnés à un usage militaire jusqu’en 2012 (drone de reconnaissance, de combat, …), les drones se démocratisent, pour représenter un marché de 288 millions d’euros en 2015. Il y en a aujourd’hui pour tous les goûts. En particulier, nous allons vous présenter 3 usages dans le secteur du transport.
Usage commercial dans le transport de marchandises notamment, qui promet de révolutionner l’acheminement de colis, et de résoudre certains difficultés liées à la problématique du dernier kilomètre. Amazon s’est d’ailleurs lancé dans l’aventure en 2013 en présentant son futur service de livraison express nommé « Amazon PrimeAir » qui propose de livrer un colis en… 30 minutes ! De même, DHL assure déjà un service de livraison régulier par drone depuis 2013, pour acheminer des médicaments vers une petite île au large de l’Allemagne.
Dans le domaine de la maintenance, les drones se révèlent aussi d’une grande d’aide, notamment pour couvrir un grand réseau physique : à ce titre, la SNCF a investi en 2012 dans une flotte de 10 drones, destinée à l’inspection de 30 000 km de voies ferrés, ainsi que des gares. Cette surveillance a 2 objectifs : identifier les besoins d’entretiens, notamment dans les gares (ex : inspection de la toiture de Lyon Part Dieu en 2015), et détecter les possibles vols de métaux ou les incidents techniques. Le survol par les drones permet donc d’éviter les interventions humaines coûteuses et chronophages qui auraient été nécessaires pour faire les mêmes observations. À noter qu’ « Aéroports de Paris » teste également depuis fin 2015 l’inspection des infrastructures aéroportuaires par des drones.
Enfin, la dernière idée « folle » qui a vu le jour est née dans le pays du Soleil Levant : la société chinoise, Ehang, a présenté lors du CES 2016 son projet de drone de transport autonome, appelé Ehang 184. Disposant d’une autonomie de vol de 23 minutes, il pourra transporter une personne à la vitesse moyenne de 100km/h. Mais on peut se poser la question de la viabilité de cette innovation : quel avenir pour ce type d’engins volants dans le ciel de nos villes?
Néanmoins, l’utilisation de drones est aujourd’hui limitée par un cadre réglementaire assez flou qui contraint très fortement le passage à la vitesse supérieure des usages liés à ce type d’engins, notamment dans une zone urbaine grand public.