Catherine Guillouard, Présidente-Directrice Générale du Groupe RATP, était l’invitée du Club Les Echos Prospective du 16 janvier 2020 sur le thème : « Inclusive, propre, fluide… c’est quoi la smart city pour la RATP et comment y contribuer ? », auquel Wavestone participait.
Cet article revient sur les temps forts de la soirée qui ont pu révéler l’étendue des chantiers en cours dans l’entreprise pour répondre aux grands enjeux de mobilité, d’urbanisme et d’insertion.
Rester à la pointe des transports en commun tout en investissant dans les nouvelles mobilités
Le développement des mégalopoles et l’étalement urbain impliquent l’existence de réseaux de transport robustes et structurants, capables d’absorber des flux de voyageurs de plus en plus intenses. L’enjeu clé pour la RATP est donc de s’appuyer sur son cœur de métier, qui représente déjà 10% du transport public au monde.
L’étude Wavestone-Kantar menée en décembre 2019 indique même que 76% des Franciliens utilisent régulièrement les transports en commun et que 83% sont prêts à les utiliser davantage. Dès lors, la capacité accrue des équipements en termes de régularité, de confort et de flexibilité s’avère plus que jamais nécessaire.
Focus 1 : Le réseau de transport ultramoderne de Doha, co-piloté par la RATP
En fin d’année 2019, la ville de Doha a inauguré son premier réseau de métro automatique constitué de 3 lignes et 36 stations sur lequel les trains peuvent atteindre 100km/h. Cela en fait le métro sans conducteur le plus rapide au monde. Il est co-géré par RATP Dev et Keolis.
C’est en effet un service incontournable pour une grande ville tournée vers l’international, qui doit également être en capacité d’accueillir des événements majeurs (dont la Coupe du Monde de football de 2022).
Focus 2 : Le Grand Paris Express, un projet titanesque en Île-de-France
Le Grand Paris Express, c’est plus de 200km de lignes nouvelles, toutes automatiques, qui sont en train d’être construites, soit un doublement du réseau actuel à horizon 2032. Parmi ces travaux, la prolongation de la ligne 14 va permettre – entre autres – de désaturer la fréquentation de la ligne 13 à hauteur de 25%. Ces travaux font l’objet d’investissements extrêmement importants et d’attentes fortes pour améliorer le quotidien des usagers.
La RATP dédie ainsi une grande partie de ses investissements pour l’automatisation des lignes afin de bénéficier d’une exploitation plus fiable et régulière.
Focus 3 : Les nouvelles mobilités, un complément des réseaux structurants
Pour autant, la micromobilité (trottinettes, vélos, scooters électriques, etc.), le covoiturage et autres usages démocratisés par l’économie du partage, constituent un excellent moyen de renforcer ce maillage structurant. La RATP y prend sa part à travers des investissements et des partenariats avec les startups du secteur. C’est maintenant près d’une douzaine de modes de transport qu’elle peut proposer.
Il a également été souligné que le groupe finançait le projet CityAirbus, un futur service de taxi volant, mené en collaboration avec ADP et Airbus. Ce service permettra de relier l’aéroport Charles de Gaulle au centre de Paris (un démonstrateur est prévu pour Jeux Olympiques 2024).
Moderniser son patrimoine pour rendre les villes plus écologiques et responsables
Cet autre temps fort de la soirée a permis de mettre en lumière les actions de la RATP autour du renouvellement de ses équipement ainsi que sa politique d’insertion urbaine.
Focus 4 : Bus 2025, un plan ambitieux de transition énergétique
La RATP a lancé il y a maintenant plusieurs années le programme de renouvellement complet de son parc de bus existant vers l’électrique et le biogaz, « Bus 2025 ».
Il a en effet été précisé que 70% des émissions de gaz à effet de serre du groupe provenaient directement des bus. La RATP vise à convertir les 25 dépôts de bus existants et ainsi réduire de 50% l’empreinte carbone entre 2015 et 2025. Cette conversion des dépôts permet aussi de s’affranchir des risques liés aux véhicules thermiques et de regagner de l’espace pour d’autres usages.
Plus largement, la RATP est devenue le premier opérateur de transport au monde à être certifié sur le management de l’énergie, opérant un réseau d’environ 2,5 Térawatts (TW) et avec pour objectif de réduire de 20% ses consommations énergétiques d’ici 2025.
Focus 5 : Des projets immobiliers d’envergure autour des ateliers de maintenance
Dans cet axe stratégique dédié à la transformation de son patrimoine, le groupe RATP innove aussi dans le secteur du logement et de l’agriculture urbaine, à travers des projets de rénovation et de construction, via ses filiales RATP Habitat et RATP Real Estate.
Parmi les grands projets parisiens, le groupe RATP a pu livrer en 2017 un programme immobilier dans le 14e arrondissement, qui a permis la construction de plus de 660 logements au-dessus d’un centre bus agrandi et modernisé (« Les Ateliers Jourdan – Corentin – Issoire »). L’ensemble abrite également une crèche et une halte-garderie. Ce nouveau complexe urbain est agrémenté d’espaces végétalisés avec des toitures et jardins suspendus dont 600 m2 de jardins partagés et d’espace d’agriculture urbaine.
Ce type de projet s’inscrit dans l’accord signé en 2014 entre la Ville de Paris et la RATP visant à construire 2 000 logements d’ici 2024, dont au moins 50% de logements sociaux, dans le cadre de la restructuration de 8 sites industriels de la RATP.
En vue de la modernisation de la ligne 12 du métro à l’horizon 2026, la construction de programmes complémentaires autour des Ateliers Vaugirard s’est avérée nécessaire : là encore, des logements (environ 400, dont 50 % sociaux), une halte-garderie, mais aussi une voie nouvelle de près de 200 mètres seront construits. 65 % de la surface sera végétalisée sous forme de toitures plantées, jardins suspendus et plantations le long de cette voie nouvelle.
Améliorer l’expérience voyageur grâce à la formation et l’usage des outils numériques
En s’appuyant sur son programme de transformation managériale, ou encore sur la création d’une université de la transformation, la RATP souhaite accélérer la digitalisation de ses processus en garantissant la montée en compétence de son capital humain et en accompagnant les usagers sur les plateformes en ligne.
Focus 6 : La formation et l’équipement des agents en outils numériques
Le groupe investit chaque année 123 millions d’euros dans la formation des salariés, notamment sur les thématiques digitales. La RATP travaille par exemple sur la digitalisation des processus de paiement des transports avec un Navigo dématérialisé et le développement de cartes prépayées. Les agents en gare bénéficient aussi d’outils numériques (tablettes, smartphones, etc.) pour orienter et répondre aux attentes des voyageurs.
En 2019, l’outil « Speech-to-Speech » a d’ailleurs été expérimenté pour permettre de traduire en temps réel un message et de le diffuser. Le numérique peut ainsi servir de solution pour dépasser la barrière de la langue avec les touristes.
Il est important de maîtriser les technologies émergentes et leur intégration au sein des projets du groupe, en particulier pour répondre à des enjeux d’excellence opérationnelle. Des solutions de Robotic Process Automation (RPA) peuvent par exemple être utilisées pour redonner du temps aux agents pour réaliser des tâches à forte valeur ajoutée.
Focus 7 : La présence en ligne sur les outils mobiles
La RATP souhaite devenir un partenaire technologique des startups de la multimodalité, en tirant profit de leurs solutions digitales pour mesurer l’appétence des voyageurs aux nouvelles offres et analyser leurs usages. Une expérimentation de plateforme multimodale MaaS (Mobility as a Service) a été lancée en collaboration avec l’autorité organisatrice des transports Île-de-France Mobilités et dix partenaires des nouvelles mobilités.
Par ailleurs, au-delà des applications d’itinéraires (comme Citymapper, Google Maps ou l’application RATP), le groupe a misé sur des applications d’un périmètre plus large tel que les applications de messagerie. Ainsi, les touristes chinois visitant la capitale peuvent recevoir des informations directement sur WeChat, le réseau social le plus populaire en Chine, mais aussi payer leurs titres de transport.
Conclusion
A l’issue de cet échange riche permis par le Club Les Echos Prospective et le groupe RATP à travers sa présidente, Catherine Guillouard, de nombreuses problématiques et enjeux ont pu être soulevés, d’abord sur l’avenir de la mobilité, mais aussi à travers les questions de transition énergétique, de progrès technologique, de logement et d’urbanisme, qui s’y rattachent immanquablement. Le groupe RATP poursuit ainsi sa mue en acteur global, responsable et engagé dans la ville de demain.