Si vous êtes francilien, vous en avez forcément entendu parler. Que vous soyez actif, étudiant, retraité, banlieusard ou Parisien « pure souche », ce méga-projet va forcément vous impacter de près ou de loin dans les mois et les années à venir. Présenté comme LE chantier qui fera de la capitale « une métropole du XXIe siècle », le Grand Paris pourrait ressembler à un drôle de jeu de mots tant la tâche s’annonce grande. Parmi les différents volets inscrits dans la loi relative au Grand Paris, celui concernant la rénovation et l’extension du réseau de transports publics s’avère être la pierre angulaire du projet. Et si l’on en croit le calendrier des travaux, qui devraient s’échelonner de 2015 à 2030, Paris s’apprête à subir une véritable mutation pour se doter d’un ambitieux maillage ferroviaire. L’objectif est de contribuer à l’essor de Paris et de sa banlieue pour en faire une véritable région-capitale.
Le Nouveau Grand Paris : la mobilité comme priorité
Le Grand Paris comprend trois volets : transport, logement et » développement des pôles de compétitivité « . Le premier, baptisé « Nouveau Grand Paris » vise à rénover l’offre de transports publics en Île-de-France et en particulier le transport sur rails, pour favoriser l’accès des Franciliens à la mobilité. Ces derniers passent en effet en moyenne 85 minutes par jour (travail et loisirs confondus) dans les transports en commun et formulent régulièrement de fortes revendications à ce sujet. Le Nouveau Grand Paris prévoit la modernisation du réseau ferré existant d’une part, et la création de nouvelles lignes de métro automatiques (le « Grand Paris Express ») d’autre part, afin de décongestionner le réseau et de mieux desservir les points stratégiques de la région.
L’un des principaux reproches faits aux transports franciliens est leur capacité, qui semble avoir atteint ses limites. En effet le réseau peine de plus en plus à absorber un trafic qui représente tout de même 8,5 millions de voyageurs par jour (tous modes confondus). Autre bémol, les infrastructures et le matériel roulant, qui sont souvent montrés du doigt pour leurs défaillances techniques occasionnant des perturbations récurrentes sur des lignes particulièrement fréquentées. Le premier objectif du Nouveau Grand Paris consistera donc à moderniser le réseau ferré existant – en prolongeant certaines lignes (RER E, ligne 14 du métro) et en rénovant le matériel roulant- mais aussi à proposer des alternatives aux métros saturés (Bus à Haut Niveau de Service, tramways). Ces initiatives devraient permettre de mieux absorber le trafic actuel et à venir, première urgence et revendication principale des utilisateurs.
Par ailleurs, à l’image d’un système sanguin, ce réseau devra également irriguer toute la métropole via d’importantes artères desservant les pôles d’attractivité en plein essor, comme le plateau universitaire de Saclay ou le centre d’affaires de Saint-Denis Pleyel. Il s’agira également de mieux intégrer la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) pour créer de véritables synergies entre les territoires. C’est en tout cas la volonté du gouvernement, qui entend bien à travers ce projet « reconnecter Paris à sa banlieue », mais aussi connecter les banlieues entre elles. Grâce à un tracé pragmatique qui rompt avec le schéma traditionnel de quadrillage de l’aire urbaine, l’objectif est de répondre aux besoins des territoires mal desservis, notamment via des lignes inter-banlieues. Nous approfondirons ce sujet prochainement en évoquant les travaux du Nouveau Grand Paris.
Une complexité à tous les étages
Ce projet est pharaonique : 25 à 30 milliards d’euros environ pour une mise en service finale prévue à l’horizon 2030. Il nécessite donc une réflexion globale sur plusieurs sujets de fond, car on ne bouleverse pas l’un des réseaux de transport urbains les plus complexes au monde sans sécuriser les différentes dimensions du projet (finances, gouvernance, travaux, calendrier).
Premier sujet crucial, les acteurs impactés : des grands décideurs aux simples usagers, ils sont nombreux et leurs objectifs diffèrent. Au premier rang on trouve l’État, qui dicte les grandes lignes du projet à travers la Société du Grand Paris, organe spécialement créé pour assurer la maîtrise d’ouvrage.
La gestion financière sera également un défi à relever, et en particulier la maîtrise des coûts qui peut rapidement devenir un casse-tête au vu des sommes engagées et de la complexité du projet.
Autre risque de dérive : les retards dans le calendrier des travaux. Si la Société du Grand Paris reste volontairement vague sur l’échéance de mise en service de la totalité des lignes (« horizon 2030 »), certaines ouvertures devraient normalement avoir lieu « rapidement », comme la prolongation de la ligne 14 au nord jusqu’à Saint-Denis Pleyel (attendue pour 2019).
Enfin, l’enjeu principal et transversal à toutes ces problématiques est bien celui de la gouvernance, tant on sait à quel point les intérêts des différentes parties prenantes seront difficiles à concilier, à l’image de la lutte permanente qui oppose l’État aux communes. À n’en pas douter, la saga du Grand Paris promet d’être riche en péripéties. Rendez-vous bientôt pour approfondir les différentes dimensions de ce projet d’avenir !
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