24% des français ont déjà abandonné un achat sur Internet en raison d’un délai de livraison proposé trop long. Pour se différencier et assurer une expérience achat à la hauteur de clients de plus en plus exigeant sur les délais, les enseignes proposent à présent des livraisons express, dans la journée et même parfois dans l’heure. Cependant, dans les zones reculées ou même dans les centres villes encombrés, cette promesse peut être difficile à tenir, et les e-commerçants rivalisent d’imagination pour proposer des solutions de plus en plus ingénieuses.
Les drones, des tests concluants mais des questions encore en suspens
Lorsque l’on évoque les drones pour la livraison, Amazon ou encore Google sont les premiers noms qui viennent à l’esprit.
Cependant, les deux géants du e-commerce ont rapidement été rejoints par des acteurs issus du monde du transport et de la logistique, à des stades plus ou moins avancés : GéoPost qui effectue des tests en conditions réelles depuis juin 2014 ou encore La Poste Suisse qui a débuté ses essais au mois de juillet. Mais c’est le projet de DHL, pourtant dernier arrivé sur le marché, qui semble le plus abouti. La firme allemande a ainsi été la première à lancer un service régulier de livraison par drones : son Parcelcopter est autorisé depuis décembre 2013 à acheminer des médicaments et autres produits de première nécessité aux habitants de l’île allemande de Juist, située à 12 kilomètres de la côte.
Face à la montée en puissance de ce nouveau mode de livraison se pose à présent la question de la réglementation. En effet, les drones entrant dans l’espace aérien des pays, les propriétaires doivent impérativement avoir un permis de survol, difficile à obtenir : en France par exemple, le Ministère de la Défense a émis un avis défavorable à l’utilisation de drones commerciaux sur son territoire. Les évolutions législatives tardant à venir chez les grandes puissances, les sociétés se sont vues pendant longtemps contraintes de ralentir ou de délocaliser leurs tests. Face aux pressions des enseignes, et notamment à la menace d’Amazon de poursuivre ses expérimentations exclusivement sur le territoire indien où les réglementations sont moins contraignantes, la Federal Aviation Administration a néanmoins assoupli récemment ses règles, et a accordé plus de 500 autorisations de survol de l’espace aérien américain à ces objets volants. Amazon souhaite désormais aller encore plus loin, et a même proposé récemment la création de couloirs aériens entièrement dédiés aux drones.
Dans les faits, au-delà de la législation, de nombreux obstacles technologiques doivent encore être contournés avant de penser à une démocratisation de la livraison par drones : l’autonomie de l’engin, la fiabilisation du système de navigation, la sécurisation de la phase finale du vol et surtout le coût de supervision humain, très important. Ainsi, les premières livraisons ayant eu lieu ont surtout été un prétexte pour faire le buzz, à l’image du service Coffee Copter.
Les taxis remplissent leur coffre
Là encore, Amazon a été précurseur en testant l’an dernier un partenariat avec Flywheel, application de réservation de taxis, lui permettant d’utiliser les chauffeurs de la compagnie comme livreurs. Ce système permet réactivité, flexibilité et bas coût, le tarif étant fixe et négocié à 5$ la course, mais ne peut concerner qu’un périmètre délimité autour de l’entrepôt de stockage.
Pour se défaire de cette contrainte de périmètre, le chinois Xiaomi a imaginé un partenariat inédit avec Uber. L’entreprise de VTC propose ainsi désormais la livraison du Mi Note à Singapour et en Malaisie, au moyen de son application : le client sélectionne l’onglet Xiaomi sur l’application Uber, un véhicule Uber circulant à proximité et contenant un stock de smartphones lui en apporte un, et le paiement se fait également au moyen de l’application. Cette initiative très originale est cependant peu reproductible à grande échelle.
Faites-vous livrer par votre voisin !
Près d’un français sur deux a eu recours à une pratique de consommation collaborative en 2014, il était donc naturel que cette dynamique s’étende au secteur de la logistique.
Ainsi, de nombreuses plateformes proposent de mettre en relation des clients avec des particuliers ou livreurs professionnels souhaitant arrondir leurs fins de mois par ce moyen. C’est par exemple le cas de Postmates : le client commande via son application un bien d’un magasin partenaire, et se fait livrer en 1h par un particulier, selon le modèle d’UberX.
WalMart a également appliqué ce principe à sa façon, puisqu’il souhaite mettre ses clients physiques à contribution pour livrer les clients « online », moyennant une remise sur leur ticket de caisse.
La livraison collaborative est pour l’instant très centrée sur les courses alimentaires, mais elle pourrait atteindre d’autres secteurs à condition là-aussi d’une clarification juridique, puisque le transport de biens est une activité réglementée en France.
Les modes de livraison green, le nouveau standard ?
Si les entreprises spécialisées en coursiers professionnels fleurissent également un peu partout, à l’image de Deliver.ee, choisi par la FNAC pour son offre de livraison en moins de 3h, certaines surfent sur la vague green et prônent des moyens de déplacement plus écologiques. La Petite Reine, entreprise de livraison intra-urbaine par vélos triporteurs fondée en 2001 à Paris a ainsi vu son activité croître significativement ces dernières années, et a été rejointe récemment sur ce créneau porteur par le service UberRUSH. Gageons que d’autres n’hésiteront pas à les copier si le succès se confirme.
Les enseignes rivalisent ainsi d’ingéniosité pour assurer leurs livraisons en B to C en des temps record, un effort nécessaire pour maintenir la dynamique de ce secteur qui voit la concurrence des Drive et du Click-and-Collect lui grappiller chaque jour des parts de marché.