Autrefois limités aux navettes touristiques pour rejoindre les aéroports ou découvrir des sites pittoresques (châteaux de la Loire depuis Paris, Monaco depuis Nice…), les VTC représentent désormais une réelle alternative pour vos déplacements habituels, du départ en vacances au retour de soirée tardif. Après vous avoir livré quelques clés pour décrypter le conflit, nous vous proposons désormais d’en comprendre l’impact sur vos déplacements.
Une évolution de l’offre qui polarise le marché
Jusqu’à présent les courses de taxis étaient plutôt homogènes : même type de véhicules et même service que vous soyez businessman ou étudiant, quel que soit votre trajet… la qualité du service dépendant bien sûr du chauffeur. Les monospaces restaient limités aux trajets en groupe ou avec des bagages volumineux et le paiement en liquide demeurait la règle, sauf demande à la réservation.
Les VTC, héritiers de « la grande remise » (statut historique de véhicules de tourisme haut-de-gamme avec réservation obligatoire), proposent majoritairement des prestations premium. Le trajet se veut un moment agréable et pratique pour le client à l’instar des voyages aériens ou ferroviaires en première classe. Les véhicules proposés, récents et spacieux, sont conduits par des chauffeurs professionnels en uniforme. La facture est en moyenne 15 à 20% plus chère qu’un taxi. Cette offre séduit les voyageurs d’affaires et les plus aisés, mais aussi les clients de « milieu de marché » prêts à se délester de quelques euros de plus pour profiter d’un service de luxe branché.
À l’inverse, le marché voit aussi émerger un segment économique : pour faire baisser la note, de plus en plus de clients optent pour des courses partagées. Le service Uberpop, qui proposait des trajets moins chers avec des chauffeurs non-professionnels, a lui été interdit par la DGCCRF car il n’était considéré ni comme du transport VTC, ni comme du covoiturage.
L’innovation au cœur de l’expérience client
Sous l’impulsion des VTC, l’offre et la distribution se sont professionnalisées pour mieux répondre aux attentes des clients.
Sur le segment premium, les VTC capitalisent sur la qualité du service (chauffeurs souriants et polyglottes) et les « petits plus » : bouteilles d’eau et collations, chargeurs de téléphones et parfois accès wifi, parfois des films (sur tablettes) et de la musique au choix…Depuis 2010, des services de transfert par moto se développent aussi pour les passagers (notamment B2B) pressés et peu chargés.
Côté taxi, la société G7 se distingue par ses offres « segmentées » : WeCab® pour des trajets partagés (et donc moins chers) vers les aéroports parisiens, Familycab et Horizon (respectivement pour les familles avec enfants et les personnes handicapées), Maxicab (pour les groupes et bagages encombrants) et Greencab (véhicules hybrides).
Côté distribution, les applications VTC permettent de réserver simplement (géolocalisation, trajets favoris, CB pré-enregistrée) et de profiter parfois de codes promotionnels, pour inciter à l’essai ou au parrainage par exemple. La commande préalable n’est plus un frein et permet même une meilleure traçabilité (sms de confirmation, plaque d’immatriculation, facture reçue par e-mail…).
Les taxis innovent eux-aussi, à l’instar de la centrale de réservation Taxiloc qui s’appuie à Paris sur les bornes Vélib pour permettre aux clients de se retrouver avant la commande et de partager la course, ou de récupérer un autre client en chemin pour faire baisser sa facture (le numéro de la borne correspondant à une zone de desserte du taxi)..
L’innovation : une opportunité de second souffle sur le marché ?
L’évolution progressive des offres a permis au marché de recruter de nouveaux clients: le succès de WeCab®, avec plus de 15 millions de courses réalisées en 2013, en témoigne.
Héler un taxi sera peut-être bientôt un geste appartenant au passé tant les commandes sont désormais simples et rapides via les applications mobiles. Cette transformation reposant sur des investissements technologiques importants, elle favorise mécaniquement les gros acteurs (sociétés de taxi comme VTC). En effet, ces innovations ont un coût, comme le rappellent les levées de fonds colossales des géants américains de la réservation de VTC Uber (880 millions d’euros) et Lyft (180 millions). Alors que le premier intensifie fortement sa pression concurrentielle en France, le second prévoit de s’y installer début 2015.
Mais quelle place pour les 80% d’artisans taxis dans ce marché totalement transformé ? Ils subissent de plein fouet la concurrence des VTC et des sociétés de taxis, mais aussi des transports urbains alternatifs : véhicules en libre-service (comme Autolib’ à Paris) et plateformes de covoiturages urbains instantanés (comme l’application Miinute).
Ne pouvant rivaliser, ils devront probablement élever la qualité du service et fidéliser leur clientèle (cartes de visites, remises « fidélité »…) comme beaucoup de leurs homologues étrangers. À n’en pas douter une très bonne nouvelle pour les clients…
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