Si pour beaucoup le Brexit évoque la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, c’est aussi le nom qui a été donné il y a quelques jours à un embouteillage traumatisant à la sortie de la ville de Brebes, en Indonésie. Ce « Brexit » qui aura duré trois jours sur une distance de 20km, illustre parfaitement le retard des pays en développement (PED) en terme de réseaux de transport et la nécessité d’apporter de nouvelles solutions. Le covoiturage est-il la réponse à la congestion des transports pour les pays du Sud ? C’est ce que prétendent les acteurs de cette industrie qui veulent s’implanter dans les grandes villes des PED.
Un développement trop rapide et des transports inefficaces…
Les grandes villes des PED font souvent face aux mêmes problématiques en matière de transport. En raison de leur fort développement économique et d’une urbanisation galopante, elles sont devenues des mégapoles en un temps record. Cependant, les collectivités locales ou les gouvernements n’ont pas eu le temps et/ou les moyens d’adapter leurs réseaux de transports à ce nombre croissant d’habitants. Dès lors, on remarque que les transports publics sont considérés comme insuffisants, dangereux, chers et obsolètes, notamment, dans les pays de l’Asie du sud. Les habitants, plus riches qu’avant, ont donc acheté de plus en plus de voitures, phénomène qui a nourri le trafic et les embouteillages, si bien qu’en 2010, “les habitants de la capitale [Jakarta] pass[aient] 60 % de leur temps éveillé dans la circulation»… Tous ces véhicules ont également amplifié les émissions de Co² dans ces villes, où la pollution est alarmante…
Le covoiturage répond à des problématiques différentes selon que l’on soit placé dans les pays du Nord ou dans les pays du Sud. Dans les pays du Nord, le covoiturage sert plutôt des usages ponctuels et de longue distance, c’est précisément le service fourni par Blablacar. Plus économique, il est aussi plus agréable pour les voyageurs qui se déplacent accompagnés. Cet usage du covoiturage existe dans les PED et permet des déplacements moins coûteux, c’est le cas au Mexique par exemple, pays qui a été particulièrement touché par la hausse du prix à la pompe. Néanmoins, c’est le covoiturage quotidien qui semble avoir le plus d’impact sur les pays du Sud. Face au volume des trajets pendulaires, le covoiturage de courte distance apparaît comme une solution viable aux embouteillages et à la pollution, en plus d’être vecteur de lien social.
Les licornes à l’assaut des pays émergents
Au niveau local, il existe déjà des start-up qui fournissent des services de covoiturage. En Inde par exemple, elles sont nombreuses mais elles touchent quelques milliers d’habitants tout au plus. L’arrivée de licornes, comme Blablacar ou Uber, dans ces pays ne fait que renforcer l’idée que les opportunités pour le covoiturage de longue comme de courte distance sont bien réelles. Blablacar, qui vient de lever 200 millions d’euros, est présent dans 22 pays dont l’Inde, le Mexique et le Brésil, et tend à étendre sa présence à d’autres pays. Pour Blablacar, le potentiel de l’Inde est énorme, car déjà plus de 160 millions d’habitants possèdent un smartphone…
Par ailleurs, si la majorité des services de Uber ne sont pas considérés comme du covoiturage, l’option uberPOOL s’en rapproche fortement. En effet, cette option permet à des utilisateurs qui effectuent le même trajet de partager un Uber, une opportunité de taille pour les trajets pendulaires. Alon Lits, à la tête de Uber en Afrique Subsaharienne affirme ainsi que le lancement de l’option UberPOOL, à Johannesburg, permettrait de réduire de 800.000 le nombre de voitures sur les routes et donc de décongestionner le trafic en ville, une solution généralisable à toutes les villes du Sud… Preuve de l’intérêt porté par ces startup pour ce marché en développement.
Encore quelques obstacles pour le covoiturage
Le covoiturage ainsi organisé et à grande échelle n’existerait pas sans la technologie qui met en relation les covoitureurs. Les start-up développent dans ce but des applications mobiles. Or dans les PED, l’équipement en smartphone, même s’il est de plus en plus fréquent, ne s’est pas encore généralisé. Les services de covoiturage sont donc d’emblée réservés à une certaine classe sociale, celle qui a accès à internet et qui est équipée en smartphone. De plus, ces applications reposent sur le paiement en ligne, via carte bancaire, qui n’est pas un moyen de paiement populaire. Même s’il est en progrès, le pourcentage d’adultes ayant un compte bancaire reste globalement plus bas dans les pays du Sud que dans les pays du Nord. Les PED sont même encore nombreux à préférer le paiement en espèce, ce qui suppose que des services comme Blablacar et Uber doivent adapter leur offre aux spécificités locales.
Les différences culturelles ont également leur importance. Dans les PED, les clients sont plus attentifs aux questions de sécurité, ils sont plus méfiants à l’idée de monter en voiture avec un inconnu, notamment en Asie. Les entreprises fonctionnent donc grâce à des systèmes de cercles de connaissances ou obligent les covoitureurs à renseigner énormément d’informations personnelles (profils sur les réseaux sociaux, etc.), voire à fournir une copie de leur carte d’identité.
Finalement, le covoiturage connaît un essor encore trop récent pour que l’on puisse connaître son impact réel sur les embouteillages, l’économie, l’environnement ou le lien social. D’autant plus que les services de covoiturage sont encore très inégalement répartis, entre ville et campagne, entre pays… Les PED ne forment pas un groupe homogène et ne se développent pas à la même vitesse. Il en devient nécessaire de distinguer les pays émergents et les nouveaux pays industrialisés, pays cibles de l’industrie du covoiturage, des autres pays du Sud (en particulier, les pays les moins avancés) bien moins affectés par cette industrie. Mais on peut espérer qu’avec le développement technologique et les prises de conscience environnementales, le covoiturage ne tardera pas à envahir l’ensemble de la planète pour améliorer les trajets au quotidien !
Bonsoir,
Très bon article ! Une chose est sûre, nous ne pouvons plus continuer à prendre chacun notre voiture pour se rendre à la boulangerie du coin, faire de longs trajets seul, etc. Le covoiturage c’est un bon moyen de palier à ce problème, d’ailleurs les sites de covoiturages ne cesse de progresser, le dernier en date c’est le site covooit.com qui se veut un être un bien commun à tous, car il est entièrement gratuit.