Avec dix millions de voyageurs transportés chaque jour par la RATP et plus de trois millions par Transilien (groupe SNCF), le réseau de transport urbain francilien est l’un des plus denses au monde. Afin de garantir une qualité de service à la hauteur des exigences des usagers, les opérateurs de transport sont liés par contrat à l’autorité organisatrice francilienne, le STIF (Syndicat des Transports d’Ile-de-France), qui leur impose de nombreuses contraintes (ponctualité, qualité des infrastructures, investissements…) en l’échange d’un financement de leurs activités. L’objectif ? Fédérer les grands acteurs des transports parisiens autour d’une ambition commune d’amélioration du niveau de service délivré aux voyageurs.
Les grands acteurs de l’organisation des transports publics d’Ile-de-France
Le système de transport en commun de la région est organisé, comme beaucoup d’autres, de manière bicéphale : d’un côté, l’AOT (Autorité Organisatrice des Transports) se charge d’organiser et de financer les transports publics. Elle définit les normes et le niveau de qualité attendu. Cet organisme est en quelque sorte le chef d’orchestre du réseau et son objectif est de faire respecter les intérêts de l’usager – renforcement de l’offre de transport et qualité de service. En Ile-de-France, c’est le STIF qui assure ce rôle. Le STIF est un EPA (Etablissement Public à caractère Administratif), qui a pour caractéristique de remplir une mission d’intérêt général autre qu’industrielle et commercial. C’est à ce titre qu’il est en capacité d’exiger de la part des exploitants des garanties sur le service délivré aux usagers avec des moyens coercitifs (amendes en cas de retards par exemple).
De l’autre côté, les exploitants ou opérateurs sont chargés de transporter les voyageurs. En Ile-de-France, les deux grands opérateurs historiques sont la RATP et Transilien. Les exploitants sont en grande partie financés par le STIF : les revenus provenant de la recette de la vente des titres de transport couvrent environ 40% des coûts d’exploitation des transporteurs. Les 60% restant sont couverts par le versement transport (participation des employeurs au financement des transports en commun) et les contributions des collectivités publiques (région Ile-de-France, ville de Paris et les sept autres départements franciliens), via le budget du STIF.
Les attentes des usagers au cœur des contrats quadriennaux
En début d’année, un nouveau cycle a commencé pour les transports en commun franciliens avec l’entrée en vigueur du nouveau contrat entre le STIF et les exploitants historiques RATP et Transilien, devant couvrir la période 2016 – 2020. Ces deux contrats représentent un montant de vingt milliards d’euros (onze milliards pour la RATP et neuf milliards pour Transilien), somme qui sera versée par le STIF aux exploitants. Un montant record et une bonne nouvelle pour ces derniers. Selon Elisabeth Borne (PDG de la RATP), « ce contrat va ainsi permettre plus de services, plus de présence humaine et plus d’offres pour les voyageurs ».
Ce contrat a pour ambition de garantir l’amélioration du niveau de service pour les usagers. Les principaux enjeux tournent donc logiquement autour de quelques thèmes clés centrés sur le voyageur.
Le renforcement des dispositifs d’information voyageurs, notamment en temps réel, est une priorité, tout particulièrement en cas de situation perturbée (quoi de plus énervant pour un utilisateur à quai de ne pas voir son train arriver sans explication ?).
L’amélioration continue de la ponctualité est aussi sur la table. Un comité dédié sera chargé de mesurer les écarts entre les temps de parcours théoriques et les temps de parcours réels, notamment sur les RER A et B, les deux lignes ferroviaires les plus fréquentées d’Europe avec respectivement 1,2 million et 870.000 voyageurs par jour.
L’amélioration des infrastructures et le renouvèlement du matériel roulant sont également prévus, et seront soutenus par un ambitieux plan d’investissement. « Ce contrat est encore plus ambitieux que le précédent, avec un programme d’investissements de 8,5 milliards d’euros sur cinq ans », a déclaré Mme Borne. Côté Transilien, ce plan s’élève à 3,8 milliards d’euros.
Enfin, en raison du contexte actuel, la propreté et surtout la sécurité ont évidemment été affichées comme des objectifs majeurs. Il est notamment prévu de renforcer la présence humaine en gare et à bord des bus de nuit.
Toutes ces ambitions, bien que résolument orientées vers les attentes de l’usager, représentent un coût pour ce dernier – outre le prix des titres de transports, les recettes du STIF proviennent en partie des impôts locaux. Or les bénéfices escomptés ne sont pas toujours perceptibles, ou du moins sont très facilement occultés par des dysfonctionnements ponctuels et/ou exceptionnels, comme les récents déboires du mois de juin (inondations et grèves impactant de plein fouet l’offre de transport). Bien qu’en partie dédommagés, l’insatisfaction provoquée chez les usagers ne s’estompera probablement pas entièrement, d’autant que les voyageurs franciliens sont de manière générale assez critiques envers leurs transporteurs du quotidien. Le grand défi pour le STIF et les exploitants sera donc à l’avenir de traduire les résolutions et les budgets engagés en améliorations concrètes pour des usagers à bout. Nul doute que sans résultats tangibles, la récente augmentation du pass Navigo risque de faire – encore – grincer des dents…