En cette période estivale, Bison Futé va une fois de plus accompagner des millions de Français sur la route des vacances. Découvrons ensemble les missions et les méthodes du célèbre chef indien de l’information routière, mais aussi ses ruses pour rester dans la course à l’heure du digital.
Depuis 1976, un petit bison pour de grandes ambitions
Après les bouchons historiques de l’été 1975 (600 km de bouchons cumulés sur la N10), le ministère des Transports et le Centre National d’Information Routière décident de lancer une importante campagne de communication avec un logo qui marque les esprits : « Bison Futé ». Cette campagne de communication sur l’état du trafic est un franc succès et dès l’année suivante, les bouchons baissèrent de 30%. Bison futé est né et va étendre peu à peu son influence sur l’ensemble du réseau routier et tout au long de l’année, pour s’imposer comme le principal acteur de l’information routière publique.
En 1997, Bison Futé crée son site internet et plusieurs rubriques sont développées à destination du grand public, mais aussi des professionnels du transport et des médias. L’année suivante, les deux grandes missions de ce nouveau service public sont officialisées :
– L’analyse des informations prévisionnelles et en temps réel du trafic et leur diffusion à l’ensemble des usagers de la route
– La coordination des mesures d’exploitation routière et le conseil aux autorités chargées de la gestion des crises sur le réseau routier
La prévision : coeur du métier de Bison Futé
L’élément différenciant Bison Futé des autres services d’information routière est la précision de ses prévisions. Pour cela, Bison Futé se base sur un modèle statistique complexe, basé essentiellement sur 3 données :
Le coefficient de saisonnalité
L’algorithme de Bison Futé utilise notamment les coefficients de saisonnalité, qui permettent de dégager les grandes tendances du trafic sur 12 mois (un trafic plus dense en hivers à cause des intempéries, des vacances de Noël ou d’été…).
Pour établir ce coefficient, Bison Futé étudie l’historique des 10 dernières années de trafic en s’appuyant sur les Centres Régionaux d’Information et de Coordination Routières (CRICR), la Gendarmerie Nationale et sur un réseau de capteurs (4000 boucles magnétiques) incrustés dans les chaussées des routes françaises. Toutes ces informations sont centralisées dans la base de données Tipi.
Sur cette base, il crée une première version du calendrier du trafic routier pour l’année à venir, avec – pour chaque période et pour chaque axe routier – une estimation de l’intensité du trafic (vert, orange, rouge et noir).
Les évolutions sociétales
Ce coefficient est ensuite ajusté sur la base des grandes évolutions de sociétés impactant les comportements des usagers de la route. Par exemple, le trafic des jours férié, les heures de départ en week-end et les périodes de vacances ont beaucoup évolué depuis l’entrée en vigueur des 35 heures en 1999.
Toutes ces tendances ne sont pas automatiquement incluses dans les données historiques puisque les stratégies individuelles dépendent beaucoup de données particulières comme la modification des calendriers scolaires (comme cela sera le cas pour la rentrée 2015/2016 puisque les zones A, B et C ont été repensées) ou les dates des jours fériés.
Les événements exceptionnels
Enfin, avant d’arriver à la prévision finale, Bison Futé intègre également l’impact des événements exceptionnels comme, à court terme les grèves ou fermetures partielles des transports en commun, la mise en place de la circulation alternée pour éviter la pollution ou les rencontres sportives de grande ampleur.
https://www.youtube.com/watch?v=6ism32-tqv4
Les applis auront-elles la peau du Bison ?
Les acteurs de l’information routière se multiplient avec le développement fulgurant des applications communautaires « d’aide à la conduite » en temps réel comme Waze (racheté par Google) ou iCoyote. Elles ont totalement révolutionné ce secteur en collectant l’information – sur la densité du trafic , le temps de trajet, la vitesse de circulation, les travaux et accidents… – non plus depuis l’infrastructure (capteurs physiques) mais depuis les utilisateurs eux-mêmes, de manière généralement transparente via la géolocalisation. Ces dispositifs prévoient également une participation active possible des conducteurs pour signaler les zones de travaux, d’embouteillages ou de contrôle (radars).
Face à ces acteurs, Bison Futé a choisi de se centrer sur sa mission de service public via de l’information routière généraliste (cartographies, flash circulation…) relayée sur son site internet et son site mobile en temps réel. Par ailleurs, des contenus gratuits (issus de la base Tipi et filtrés par nature d’événements, zones géographiques et réseaux routiers) peuvent également être envoyés par mail aux gestionnaires des réseaux, médias et transporteurs qui en font la demande. Cela permet par exemple aux transporteurs de connaître les routes interdites aux poids lourds durant la période estivale, ou aux médias d’accéder aux cartographie des embouteillages sur leur périmètre géographique.
C’est également dans cet esprit de partage que le gouvernement, dans le cadre de sa politique d’open data, a décidé la mise à disposition gratuite pour tous d’une partie importante des informations de la base Tipi via un site dédié : données de trafic, données statistiques, bulletins, communiqués…. Le but? Permettre la diffusion et valorisation de ces données, y compris à des fins commerciales, tant que les produits ou services élaborés ne sont pas contraires à la loi ou aux objectifs de la sécurité routière.
Cependant, ces données étant jusqu’à présent exclusives, un géant du digital risque-t-il de voler demain le travail du célèbre petit indien? Cela semble peu probable puisque toutes les données ne sont pas partagées (le modèle statistique détaillé n’est pas concerné par exemple) et que, de manière générale, c’est surtout la valorisation et la personnalisation des données qui permet leur exploitation commerciale. Il est dont peu probable que les acteurs digitaux cherchent à investir l’amont de la chaîne de valeur s’ils peuvent obtenir gratuitement ces informations pour couvrir au mieux le territoire. La mise en cohérence entre ces données et celles collectées via les utilisateurs pourrait, en revanche, s’avérer bien complexe….