TransportShaker

Le blog Transport des consultants de Wavestone

Le beacon pour fluidifier l’expérience voyageur dans les transports

Le beacon, qu’est-ce que c’est ?

Le mot « beacon » signifiant balise an anglais, il est assez facile de comprendre le rôle de ces nouveaux capteurs qui seront amenés à fleurir dans les prochaines années. En effet, telle une balise signalant sa position à un avion, un capteur beacon interagira avec les smartphones des personnes passant dans son champ de portée (limité à une quinzaine de mètres). Le capteur délivrera alors des informations contextuelles qui seront envoyées sur le terminal mobile des personnes à proximité.

Ceci est possible grâce à la technologie Bluetooth Low Energy (BLE), développée par Nokia il y a une dizaine d’années. Moins vorace en énergie, mais à portée comparable (et ajustable), cette nouvelle génération de Bluetooth a peu à peu trouvé des applications dans la santé, ou encore dans le sport. Un débit réduit et des systèmes de mise en veille automatique permettent en effet au BLE de consommer 2 à 10 fois moins d’énergie que le Bluetooth classique. Le rapport qualité/prix est par ailleurs assuré puisqu’ils sont peu coûteux et ont une durée de vie d’environ 4 ans !

C’est sans doute l’arrivée d’Apple sur le marché qui a grandement popularisé cette technologie. En 2013, la firme californienne a en effet intégré le protocole « iBeacon » à son nouveau système d’exploitation, l’iOS7. Depuis, de nombreux secteurs tentent d’intégrer et de démocratiser l’usage de cette technologie auprès de leurs clients. L’intégralité des smartphones du marché devrait d’ailleurs être capable d’interagir avec les beacons d’ici 2017.

Le secteur du retail est par exemple très investi pour utiliser ces capteurs pour améliorer l’expérience client en magasin. Les balises beacon permettent ainsi de guider le client dans un magasin jusqu’au rayon, ou article qu’il recherche. En fonction du temps qu’il passe devant un certain article, la balise pourra aussi transmettre à son téléphone la fiche descriptive du produit, ou des bons de réduction valables temporairement afin de l’inciter à l’achat. Les possibilités sont bien résumées dans cette vidéo de CNET.

Un autre exemple d’utilisation du beacon à grande échelle qui a été très médiatisé fut lors du Superbowl de 2014. Les spectateurs étaient guidés vers leurs places dès leur arrivée à proximité du stade, et jusqu’au siège qui leur était attribué, grâce à de petits capteurs disséminés dans les travées. L’essai s’est avéré concluant, et de nombreux stades de baseball et de football américains sont désormais équipés.

 

Des initiatives sont déjà en place pour utiliser les beacon dans le monde du transport

Il est donc légitime de se demander si ce système de guidage et d’informations contextuelles ne pourrait pas être repris par des grands acteurs du transport. À vrai dire, de nombreuses initiatives commencent à se développer ici et là pour rendre l’expérience voyageur plus fluide grâce aux beacon, et ce de différentes manières.

La transmission d’information de manière contextuelle et automatique permet par exemple de grandement affiner l’information voyageur. La startup française ConnectThings a ainsi déjà implanté dans plusieurs villes du monde (non seulement en France, mais aussi Barcelone, Hambourg, Rio…) des beacons aux arrêts de bus. Les horaires des prochains bus passant à l’arrêt sont immédiatement accessibles depuis votre téléphone lorsque vous serez proches de celui-ci.

Les beacons peuvent aussi répondre à des usages plus spécifiques, par exemple dans l’accompagnement à la mobilité. A Bucarest, les malvoyants sont notifiés de l’arrivée de leur bus par une balise beacon placée sur le bus, qui va émettre une notification sur leur téléphone. Plus besoin donc, d’être aidé par un tiers pour lire le numéro du bus à l’approche. De la même manière, dans le métro de Londres, un réseau de balise beacon a été mis en place pour permettre aux malvoyants de s’orienter dans les couloirs tentaculaires de certaines stations. La technologie BLE permet en effet de s’affranchir des données cellulaires pour être localisé, et le guidage peut donc même s’effectuer dans les couloirs de métro dénués d’accès réseau.

 

La démocratisation du beacon permettrait des utilisations encore plus ambitieuses dans nos transports

Le secteur du transport pourrait potentiellement être encore plus impacté par le développement de cette technologie qui n’en est encore qu’à ses balbutiements. A l’heure où 97% des voyageurs ont aujourd’hui un smartphone, et près d’un quart d’entre eux utilisent une application mobile en amont ou pendant leur mobilité, les beacons ont le potentiel pour améliorer toujours plus l’expérience voyageur grâce au numérique.

Prenons tout d’abord le cas de l’aérien. Selon l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA), 60% des aéroports comptent ainsi investir dans le beacon d’ici 2017, et 44% des compagnies aériennes d’ici 2018. D’ici quelques années, les beacons pourraient donc accompagner les voyageurs du check-in jusqu’à l’embarquement. A l’arrivée au comptoir d’enregistrement, le beacon pousse automatiquement les informations nécessaires au check-in. Puis, la file d’attente au contrôle aux frontières est monitorée par des beacons afin d’en informer les voyageurs (comme c’est déjà le cas à New York par exemple). Ensuite, le voyageur peut à tout moment consulter la distance à parcourir jusqu’à sa porte d’embarquement, et ainsi profiter en toute liberté de son temps dans la zone duty free. Les beacons pourraient même lui indiquer les commerces les plus proches susceptibles de répondre à ses centres d’intérêt.

Le transport urbain pourrait lui aussi bénéficier de l’arrivée de ces nouvelles technologies. Le taux de remplissage d’un bus et son éventuel retard sur l’horaire théorique pourraient ainsi être communiqués à un feu de signalisation, afin que celui-ci le laisse passer en priorité si nécessaire. Le beacon pourrait aussi avoir des retombées économiques, en devenant un relais marketing pour des annonceurs locaux, et à destination des passagers. De nouveaux partenariats pourraient ainsi voir le jour, et devenir une nouvelle source de financement pour les transports collectifs.

Enfin, la capacité de guidage contextuel pourrait avoir de multiples applications dans l’expérience voyageur. Pourquoi, ne pas imaginer un réseau de capteurs beacon disséminés dans les couloirs d’une station parisienne telle que Châtelet, afin de vous guider tout au long de vos fastidieuses correspondances jusqu’au quai approprié, et même à l’endroit du quai le plus approprié à votre destination finale. De même, plus besoin de scruter nerveusement le nom des arrêts de bus se succédant, la balise beacon située à votre arrêt de destination saura vous prévenir lorsque le moment de descendre du bus est arrivé. Plus généralement, les hubs étant de plus en plus tentaculaires, et les pôles d’échange multimodaux ayant le vent en poupe, les beacons pourraient bien être l’atout technologique qui saura assister les voyageurs ayant pour habitude de se perdre en route…

Ant0in3L4p0rte

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *