La troisième édition d’Autonomy, le sommet de la mobilité urbaine, s’est tenue du 18 au 20 octobre à la Grande Halle de la Villette à Paris. Cet événement regroupe entreprises, innovateurs, villes et décideurs dans le but de penser la mobilité urbaine du futur et de mettre en lumière les tendances et les innovations qui la touchent de près.
Cette édition a réuni 220 exposants, 110 intervenants et 10 000 visiteurs venant de plus de 30 pays. Les pouvoirs publics ne sont pas restés à l’écart de ce sommet de la mobilité. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, le secrétaire d’État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi ainsi que Jean-Louis Missika, adjoint à la Mairie de Paris ont été présents au salon.
L’autopartage en free-floating, les véhicules autonomes, les véhicules électriques, l’open data, l’intermodalité des transports et plus largement les offres MaaS sont les tendances phares qu’a dressé le salon cette année et qui construisent et construiront la mobilité urbaine de demain.
Le free-floating a le vent en poupe
Les acteurs de l’autopartage en free-floating étaient présents pour présenter leur offre et les services qu’ils proposent. Les usagers souhaitent aujourd’hui que les moyens de transports qu’ils utilisent leur procurent une certaine flexibilité et liberté. Le free-floating répond parfaitement à cette promesse en leur offrant des moyens de transport à disposition sans réservation contraignante et avec la possibilité de les déposer là où ils le souhaitent.
De nombreuses solutions en free-floating ont été présentées lors du salon. L’une des plus innovantes est celle de Zoov, une plateforme de partage de vélos électriques qui propose deux modèles complémentaires en fonction du lieu où se trouve l’usager, une en libre-service et l’autre sous de forme de bornes.
Outre ce double modèle, l’ingéniosité de l’offre réside dans les bornes de stationnement proposées par la startup : légères et ultra-compactes, elles « s’emboîtent » parfaitement pour une meilleure gestion de l’espace.
Le MaaS ou la fin du modèle de possession
La montée en puissance de ces acteurs en free-floating représentative de ce que l’on peut appeler la « mobilité partagée » fait l’objet d’une tendance à part entière, mais est aussi inscrite dans une tendance beaucoup plus globale : le MaaS. En effet, la diversité des moyens de transports disponibles aujourd’hui permet une réelle efficacité de l’offre MaaS, les itinéraires proposés peuvent être divers et réellement multi-modaux. D’autant plus que ces nouveaux moyens de transports en auto-partage poussent les usagers à remplacer leur voiture personnelle par le service partagée, ce qui est l’essence même du MaaS.
Sampo Hietanen, CEO de Maas Global était présent pour expliquer l’intérêt et les avantages offerts par le MaaS, notamment en termes de coûts. Selon lui, 76% des dépenses réalisées dans le transport correspondent aux coûts de la voiture privée. Ceci montre qu’au-delà même du temps que peut faire perdre l’usage de la voiture personnelle, cette dernière est aussi source de perte d’argent.
La data comme source de rationalisation des transports urbains
A horizon 2023, les plateformes MaaS devraient mettre fin à près de 2.3 milliards de déplacements urbains en voiture chaque année. Mais pour que le MaaS soit réellement efficace et offre une expérience optimale et sans couture aux usagers, la collecte et l’analyse des données restent une condition nécessaire. Il faut que l’ensemble des transports soient connectés et partagent en temps réel leur position, trajet et autonomie afin d’offrir aux usagers des itinéraires précis et personnalisés.
Alstom a de son côté compris cette nécessité de combiner la mobilité à la data pour améliorer les services de transports qui deviennent interdépendants. Pour répondre à cette problématique, Alstom a développé une solution multimodale Mastria, qui prédit les variations de flux de passagers afin d’aider les villes à fluidifier les espaces urbains et à mieux gérer les transports en commun offerts aux citoyens.
Le leader ferroviaire nous prouve ainsi qu’il ne reste pas en marge des nouvelles tendances qui touchent la mobilité urbaine d’aujourd’hui. En effet, Alstom en a aussi profité pour présenter EasyMile, la navette autonome et électrique dont il détient des parts et qui représente un exemple phare de solutions intégrées destinées au transport urbain. Les navettes peuvent transporter jusqu’à 12 passagers mais restent cependant uniquement déployées dans des zones prédéfinies car les législations et les infrastructures ne sont pas encore prêtes à les accueillir.
L’électrique : rouler plus vert
L’électrique comme solution d’une nouvelle mobilité plus propre a largement été présenté lors de ce salon. L’électrique au profit du thermique attire par l’absence de nécessité d’entretien et par la possibilité d’agir favorablement pour l’environnement. Mais selon Ipsos, 28% des Français considère difficulté de trouver une borne de recharge comme l’un des freins au passage à la voiture électrique. A cet égard, IZIVIA, la filiale d’EDF était présente au salon et Yannick Duport, directeur de la mobilité électrique d’EDF décrit en profondeur en quoi consistera le Plan de Mobilité Electrique. Ce plan vise à faire d’EDF « le leader de la mobilité électrique en Europe dès 2022 » avec une volonté de déployer plus de 75.000 bornes en France et plus de 250.000 bornes via des réseaux partenaires.
Des équipements à la pointe de la technologie
Pour accompagner ces nouvelles manières de se déplacer dans les villes, les innovateurs développent un large éventail d’équipements innovants visant à garantir la sécurité et la praticité pour les usagers. Parmi les innovations qui nous ont marquées, celles de la start-up Overade qui a développé un casque pliable. Ainsi, les cyclistes n’ont désormais plus d’excuses à ne pas se protéger. Toujours en faveur de la sécurité des cyclistes, la start-up développe aussi un clignotant magnétique à déposer derrière le casque, grâce à une télécommande, le cycliste peut facilement indiquer dans quel sens il souhaite tourner.
Deux tables rondes autour des véhicules électriques et autonomes
Lors de ce salon, deux tables rondes animées par Wavestone se sont tenues.
La première évoquait le sujet des véhicules électriques et était animée par Anne-Cécile Klein, Senior Consultante chez Wavestone. A ses côtés pour cette conférence : Mar Pallas, Vice-Présidente du développement du marché Européen chez Scoot Networks, Nicola Dallatana Directeur de l’e-mobility chez Toyota Tsusho, Roger Atkins, Fondateur d’Electric Vehicles Outlook et Lewis Horne Fondateur et CEO d’Uniti.
Convaincus par l’importance des véhicules électriques, les intervenants ont souligné que la démocratisation de cette tendance a été permise grâce à la digitalisation et à la démocratisation des Smartphones. Aujourd’hui, toute personne en possession d’un Smartphone devient un utilisateur potentiel des véhicules électriques. Ils ajoutent aussi que la hausse de la disponibilité de cette ressource combinée à son prix qui décroit sont autant de facteurs qui expliquent l’essor de cette tendance.
Les intervenants sont unanimes pour affirmer qu’ils défendent le passage à l’électrique d’une part pour des raisons environnementales mais aussi pour promouvoir une meilleure mobilité dans les villes. En effet, les voitures électriques partagées polluent moins l’air mais offrent également une meilleure mobilité et diminuent les embouteillages en baissant le nombre de voitures à usage privé.
Une coopération entre les collectivités, l’Etat et les acteurs privés est selon les intervenants nécessaire pour un futur plus durable. Cette coopération doit être réalisée dans le but d’offrir une solution globale tout en permettant aux citoyens d’avoir un meilleur accès aux informations. En effet, nombreux sont les individus qui n’utilisent pas de véhicules électriques parce qu’ils estiment cela difficile, notamment dans la prise en main du véhicule.
Cette table ronde s’est terminée sur les challenges futurs auxquels sera confrontée la mobilité électrique. Face à cette problématique, les experts voient différents challenges plus ou moins facilement surmontables. Parmi eux, le chargement sans fil ou encore le coût réel d’un véhicule électrique.
La deuxième table ronde évoquait le sujet des véhicules autonomes et était animée par Amal Boutayeb, Senior Manager chez Wavestone. Des experts sont intervenus à ses côtés lors de cette conférence : Caroline Cerfontaine, Senior Manager à l’UITP, Michael Barrilère-Scholz, Directeur chez Ioki Deutsch Bahn, Nicolas Furgé, CEO de Kisio et Jean-Marc Pagliero directeur des solutions des véhicules autonomes chez Alstom.
Les intervenants sont d’accord pour affirmer que les transports publics sont efficaces. De ce fait, les véhicules autonomes doivent être partagés et connectés aux transports publics. Ce modèle où transports publics et véhicules autonomes sont connectés est selon les experts le modèle le plus bénéfique pour les villes en termes d’espace urbain et d’organisation de ce dernier. Les véhicules autonomes viennent de cette manière compléter l’offre de transports publics et poussent ainsi les usagers à remplacer leur voiture personnelle par ces véhicules partagés à haute capacité.
Cependant, avant d’atteindre ce système global et connecté ou véhicules autonomes et transports publics coexistent en parfaite harmonie, les véhicules autonomes ont encore certains enjeux à dépasser. Les intervenants sont unanimes quant à ces enjeux que sont le coût, la vitesse, la sécurité et la disponibilité des véhicules.
La sécurité est un enjeu réel pour les véhicules autonomes et est l’une des clés de leur démocratisation. Bien qu’il n’y ait aujourd’hui pas d’incident majeur lié aux véhicules autonomes pour des raisons de sécurité, les législations ne les autorisent pas pour l’instant. Les experts expliquent que les autorités ont un rôle primordial à jouer sous deux formes bien distinctes. D’une part, au travers du réaménagement des espaces urbains afin de les rendre plus propices à l’utilisation des véhicules autonomes et d’autre part au travers de la mise en place de tests et d’expérimentation notamment en termes de connexion avec les transports publics pour apercevoir quels sont les bénéfices réels de cette connexion.
En effet, selon les intervenants, les véhicules autonomes ne pourront devenir une réalité dans nos villes que si ces derniers sont expérimentés et testés. Les projets pilotes sont nécessaires pour les véhicules autonomes dans le but d’établir un Test & Learn afin d’améliorer la technologie et donc de les voir rapidement dans nos transports quotidiens.
Pour finir, les experts se sont exprimés quant à l’intégration complète des véhicules autonomes dans nos transports, ils sont à cet égard tous d’accord pour dire que la technologie est prête et que ce n’est plus qu’une question de temps et de régulation. Mais, selon eux, il faut encore attendre quelques années pour voir les véhicules autonomes intégrer le système de transports public.
Le développement des synergies entre les différents acteurs est un insight important qui ressort de ce sommet de la mobilité urbaine. Autonomy, en favorisant la rencontre des différents acteurs, est déjà un premier pas à cette collaboration qui modélisera la mobilité urbaine de demain.