Bientôt un an que l’on peut voyager en autocar sur des destinations franco-françaises et ce grâce à la loi libéralisant ce nouveau mode de transport low cost. Comme le souligne M. Macron « Les lignes d’autocars ont le succès espéré» et cela a bien changé le paysage d’acteurs ces derniers mois.
Ouibus, Flixbus et Isilines : c’est avec eux que vous voyagerez désormais en France
En effet, le processus de concentration du marché semble bien s’être enclenché depuis juin avec l’alliance de Starshipper et Ouibus et le rachat de Megabus par Flixbus. D’un côté un ensemble de PME françaises, fédérées sous la marque Starshipper, deviennent franchisées Ouibus, filiale de la SNCF; de l’autre c’est le leader allemand Flixbus qui met la main sur l’opérateur britannique Mégabus. Ajoutez Isilines, filiale de Transdev, pour obtenir les trois derniers concurrents sur le marché français.
Un réseau plus vaste … mais à quel prix ?
Cette consolidation, naturelle sur un marché naissant, permet à Flixbus et Ouibus d’affiner leur stratégie de « maillage » du réseau français grâce à davantage de trafic pour Flixbus et un réseau agrandi pour Ouibus qui devient leader en termes de couverture du réseau avec 41% du réseau desservi par les bus roses et bleus. Par ailleurs, en démultipliant ses points d’arrêts, Ouibus dispose à présent d’un levier important pour adapter son réseau à la saisonnalité : cet été, par exemple, l’offre Ouibus est multipliée par 4 !
Ces rapprochements laissent déjà entrapercevoir une temporisation de la guerre des prix qui faisait rage sur le marché jusqu’ici. Avec des prix d’appels très attractifs pour les nouveaux adeptes du bus : 1€, 5€ ou 9€, difficile d’obtenir une recette au km qui permette un équilibre financier. Exit les prix d’appels à 1€ pratiqués par Mégabus ! Désormais, des prix plus élevés mais rationnels sur les destinations françaises sont déjà à prévoir … Un moyen pour ces trois compagnies qui investissent à perte depuis leur lancement de relever un peu la barre : « Nous nous sommes fixés comme objectif d’être à l’équilibre d’ici trois ou quatre ans », assure Roland de Barbentane, directeur général de Ouibus.
Enfin ces unions permettent de sceller l’hégémonie d’acteurs qui avaient déjà une longueur d’avance sur le jeune marché. Ouibus, compagnie de bus préférée des Français, compte bien capitaliser sur son image de marque. Flixbus, quant à elle, pourra désormais compter sur un réseau massif en France et en Allemagne pour continuer son expansion dans d’autres pays.
Bleu, rose, vert, à la conquête de l’Europe ?
Car à terme, on peut bien imaginer que l’enjeu est là : conquérir le marché européen ! Pour le moment, sur ce territoire, c’est Eurolines, acteur historique, qui se démarque clairement, avec 4,2 millions de voyageurs en 2015. Mais la consolidation de sa marque reste difficile et ne saura peut-être pas convaincre les clients d’une marque comme Flixbus qui bénéficie déjà d’une bonne renommée en France comme en Allemagne.
En attendant, reste à pérenniser l’habitude du bus, économique mais chronophage, chez une clientèle encore novice. Depuis septembre 2015, 3 millions de personnes ont voyagé en autocar. En mai, une grève des TGV a fait bondir les taux d’occupation de façon spectaculaire. Mais la route est longue pour que le bus puisse convaincre autant de passagers que le TGV (plus de 50 millions en 2014) ou même que Blablacar (environ 7 millions en 2014) !