Le coup de tonnerre a eu lieu en avril dernier. Au bout de dix ans de mise en service et d’entretien des Velib, l’entreprise JC Decaux a perdu le renouvellement du contrat qui le liait à la Ville de Paris au profit de Smoovengo, pour un marché annoncé de 600 millions d’euros sur quinze ans. Qui est ce nouvel exploitant qui permettra bientôt aux Parisiens et banlieusards de se déplacer ?
Smoovengo, le fruit d’un consortium
Smoovengo n’est pas tout-à-fait un inconnu du marché du vélo libre service. Il s’agit en réalité d’un consortium de quatre entreprises, qui se présentent comme complémentaires et idéales pour remporter le marché de la métropole parisienne.
Indigo est un leader mondial du stationnement et de la mobilité urbaine. C’est cette entreprise qui sera en charge de la « base arrière » de l’exploitation des vélos : réparation de ceux-ci, réassort des stations (un vrai point d’attention, car les stations doivent être constamment rééquilibrées pour éviter qu’elles soient vides à certains endroits le matin et complètement remplies le soir). Moventia est une entreprise de transport espagnole, qui sera en charge d’installer les stations. Smoove est spécialisé dans le vélo libre service. C’est l’entreprise qui s’occupera de construire le vélo, ainsi que les bornes d’attache et les totems. Enfin, Mobivia est un vendeur de vélos à assistance électriques (VAE). L’offre de Smoovengo propose en effet qu’une partie du parc de vélos soit électrique.
De JC Decaux à Smoovengo : à quels changements s’attendre ?
Le changement de concessionnaire qui a été décidé il y a quelques mois implique un remplacement complet du parc de vélos mais également du mobilier urbain qui avait été mis en place par JC Decaux. Smoovengo indique ainsi qu’à partir du mois d’octobre, les anciennes stations seront progressivement remplacées par les nouvelles, jusqu’à décembre. D’ici là, les deux services cohabiteront. En janvier 2018, les premières stations seront mises en service. L’objectif affiché du consortium est de permettre une mise en service totale fin mars 2018.
Autre changement majeur, le nouveau Velib de Smoovengo se veut métropolitain. Bien sûr, le Velib de JC Decaux avait lui aussi franchi le périphérique depuis plusieurs années, mais il était limité à la proche banlieue et restait financé par la Ville de Paris (notamment en raison du lien entre le contrat Velib et l’affichage publicitaire à Paris). Le Conseil d’Etat avait ainsi interdit de poser des stations Velib à plus de 1,5 km du périphérique.
Un Velib plus moderne, élargi à la métropole
L’offre proposée par Smoovengo est alléchante : 30% de vélos à assistance électrique, des vélos plus légers et plus solides (de 22 kg à 20 kg), une fourche cadenas contre les vols, censée être plus résistante, un système de communication embarqué avec guidage, et surtout un système de surcapacité, l’overflow. Cette dernière innovation, qui a déjà été testée à Helsinki, permet de s’affranchir du nombre d’emplacement vélo théoriques d’une station. Le cycliste pourra tout simplement attacher son vélo à un autre, lui-même arrimé à la station, afin de le rendre même sur une station complète. Cette solution pourrait résoudre un problème auxquels se heurtent régulièrement les usagers du Velib. En revanche, elle pourrait augmenter les problèmes de réassort des stations, avec une gestion des de celles-ci qui devra être encore plus attentive afin d’éviter les phénomènes de stations vides.
Enfin, Smoovengo a d’ores et déjà annoncé une augmentation des tarifs d’abonnement au nouveau Velib. De plus, si la gratuité des trente premières minutes semble conservée, un tarif différencié sera mis en place pour les vélos électriques. L’objectif est d’atteindre un prix équivalent à 40% des coûts de fonctionnement du dispositif.
Alors que Paris est pleine bataille pour l’ouverture de nouvelles pistes cyclables (notamment sur la rue de Rivoli) dans le cadre de son plan vélo, ce nouvel opérateur pourrait permettre de toucher une population élargie d’usagers, grâce à l’inclusion de la banlieue et de l’introduction des vélos électriques. Le trajet moyen à Velib devrait également augmenter. Mais cette évolution reste dépendante de l’efficacité des nouvelles pistes cyclables, afin de créer un véritable tissu urbain favorable au vélo, qui ne serait plus un transport d’appoint ou touristique. Reste à voir si ce Velib métropolitain tiendra ses promesses.