Le 14 janvier 2016, Block Chain France, accueillie au sein de l’ESCP Europe, présentait la conférence Big Bang Blockchain réunissant plus de 400 acteurs du mouvement blockchain parmi lesquels consultants, financiers, entrepreneurs, ou encore étudiants. Cette journée a permis d’identifier les potentialités du marché en France et les secteurs émergents tels que celui du Transport !
Qu’est-ce-que la blockchain ?
La blockchain est une technologie qui permet aux membres d’un même réseau d’effectuer des opérations de stockage et de transmission d’informations, appelées « transactions », et ce en toute confiance, sans aucune autorité centrale de contrôle.
Initialement attribuée au secteur de la Finance du fait de l’utilisation d’une monnaie virtuelle type BitCoin, qu’en est-il de la blockchain sur la mobilité dans les transports ?
La mobilité, nouveau terrain de jeu de la blockchain ?
SNCF s’est penché sur la thématique le 18 octobre 2016 lors d’une journée dédiée à la découverte du sujet. Christelle Wozniak, Responsable de l’Innovation au sein de Optim’Services chez SNCF est à l’origine de la création d’une communauté Blockchain en 2015, qui compte déjà 140 membres à son actif. De même, une réflexion avec la Direction Marketing a été initiée, et comme l’évoque Alexandre Sochaki, en charge de l’innovation au sein de la DSI voyageurs et expert du réseau scientifique et technique SNCF Synapses, une « plateforme d’échange peer-to-peer pour certains e-billets non échangeables non remboursables » est déjà en phase de test en interne sous la technologie.
On peut imaginer de nombreux cas d’usages tels que la sécurisation des titres de transport, l’unification des moyens de transport, ou encore la mise à disposition de son abonnement de transport au sein d’un smart contract. De même, la blockchain promet déjà la décentralisation des interactions entre les communautés grâce à des plateformes de coopératives pour créer de la valeur ou redistribuer la valeur aux utilisateurs (cf. La’Zooz et Arcade City).
Deux pionniers de la blockchain associée au transport : La’Zooz et Arcade City
La’Zooz vient d’Israël. Trois entrepreneurs ont eu l’idée de créer une application de service open source de covoiturage utilisant le principe de la blockchain. Pour ce faire, cette application est entièrement autonome, décentralisée -du terme anglais « Decentralized Autonomous Organization »-, et aux mains des utilisateurs. La’Zooz met en relation des conducteurs et des passagers comme le ferait une application traditionnelle d’intermédiation – citons Uber, Chauffeur privé, Allocab, etc – sauf que chaque conducteur peut proposer en temps réel une place disponible de façon indépendante et sécurisée. Les contributions sont rémunérées en Zooz, monnaie virtuelle de l’application.
Légende : l’application doit atteindre un seuil minimal d’utilisateurs pour fonctionner en autonomie. Pour cela, au lancement de l’application les early adopters sont rétribués par leurs actions qui vont au-delà de l’offre de covoiturage, parmi lesquelles, la participation au design de l’application, la communication sur ses propres trajets, la diffusion de l’application. Une fois le nombre d’utilisateurs atteint pour couvrir le nombre de sièges potentiels vides, seule la rémunération entre passagers et conducteurs est possible.
Arcade City est également une application décentralisée de co-voiturage. Christopher David, son fondateur et ancien chauffeur de Uber, se révolte face aux plateformes de VTC et leur mode de fonctionnement, refusant le cadre réglementaire de plus en plus strict : un prélèvement de commissions de 20% sur chaque trajet ou encore la vérification du casier judiciaire.
La conviction du projet est forte : « en décentralisant la décision pour la porter au niveau du chauffeur et du passager, Arcade City libère le chauffeur pour qu’il devienne entrepreneur, et permet au passager d’avoir le contrôle sur l’expérience entière de son trajet » explique Christopher David. L’application met en avant l’indépendance des chauffeurs au niveau de la tarification des services proposées : déplacements, livraisons, assistances routières.
Bien qu’avangardistes sur la thématique blockchain, La Zooz’ et Arcade City rencontrent des difficultés dans l’application d’un modèle rentable. Le développement de l’application La’Zooz a été arrêté début 2016, quant à Arcade City, l’intégration de la blockchain a encore été repoussée, laissant sceptique sur sa mise en place réelle. Ces avortements précoces s’expliquent pour plusieurs raisons : 1) la technologie n’étant pas encore mature, les applications ne fonctionnent pas totalement de manière décentralisée, 2) la valeur ajoutée ou bénéfice social généré auprès de l’utilisateur final n’est pas significatif en comparaison aux interfaces d’intermédiation actuelles, 3) les tokens (zooz et autres) s’appuient sur une monnaie au cours volatile.
Conclusion : une technologie encore en phase de test sur le secteur
Le secteur du Transport reste attractif, cependant la blockchain ne semble pas encore être encore à l’origine d’un grand bouleversement dans le secteur en particulier mais s’accorderait davantage à la transformation des grandes entreprises dans leur gestion décentralisée des processus de façon plus globale. La SNCF identifie déjà le champ des possibles de la technologie.
Il semble possible de commencer à isoler quelques facteurs clé de succès pour construire un futur modèle blockchain dans les transports :
- L’identification des cas d’usages et bénéfice consommateur ;
- La mise en perspective de création de valeur pour l’entreprise ;
- La maîtrise du sujet via une expertise terrain (tests internes, création de communautés, …).
Alors le pari pour lequel la blockchain tenterait d’ « Uberiser » Uber dans le secteur Transport, gagné ? Affaire à suivre…