A l’automne 2015, le géant du retail lançait à Seattle un nouveau programme de livraison : Amazon Flex. Le concept ? Via une application, donner la possibilité à des particuliers de devenir livreurs pour quelques heures. Entre ubérisation et désintermédiation, Flex porte notamment comme objectif de répondre à la promesse d’Amazon Prime Now : permettre aux clients – moyennant des frais supplémentaires – de voir leurs commandes livrées en moins d’une heure.
En une année, ce programme de livraison par « coursiers » particuliers a gagné du terrain sur le marché nord-américain. Il s’exporte aussi en Europe, la Grande-Bretagne aux premiers rangs : l’occasion donc, d’en découvrir un peu plus sur le sujet.
Un géant en recherche constante de nouveaux relais de croissance
Dès ses débuts, l’ex- librairie en ligne a bâti son empire sur une adaptabilité exemplaire aux évolutions du marché. Saisissant les opportunités les plus prometteuses, Amazon a d’abord su faire évoluer son offre maîtresse, passant d’un simple catalogue de livres au plus vaste marché en ligne. Depuis, le géant est constamment à la recherche de nouveaux relais de croissance.
Plus peut être que l’enrichissement du catalogue, un enjeu clé du moment est l’optimisation et l’amélioration de l’expérience client. Cela passe notamment par de nouveaux services liés à l’acheminement des commandes, en témoigne la sortie de multiples innovations dans le domaine. Tout particulièrement, l’annonce d’un programme de livraison par drones avait beaucoup fait parler d’elle. En août, Amazon révélait aussi son tout premier Boeing 767 de livraison.
Outre ces innovations dans les moyens de livraison, un grand challenge est aujourd’hui placé sur l’immédiateté de celle-ci. Cela a débuté avec Prime Now, implanté en Europe depuis 2015, ou encore Amazon Fresh – la livraison express de produits frais. Maintenant, Amazon réfléchit à la logistique permettant d’assurer une telle immédiateté, grâce à Flex.
Le modèle Uber appliqué à la livraison
Ces évolutions dans le domaine de la livraison ne sont pas sans impact sur les activités, notamment logistiques, du géant du retail. Pour pouvoir garantir l’acheminement en si peu de temps des commandes, il a fallu user d’inventivité. Et Amazon semble avoir trouvé une source d’inspiration dans le concept qui bouscule tous les secteurs : l’ubérisation.
On ne présente plus Uber, tant son impact est palpable au quotidien, dans des domaines aussi variés que le transport, la restauration, l’hôtellerie… Le modèle est simple : se baser sur des ressources humaines indépendantes et leurs moyens personnels, et les mettre en relation avec des clients ayant un besoin associé à ces moyens. La nébuleuse de startups de la FoodTech est un bel exemple d’ubérisation. Des acteurs comme Foodora, Deliveroo ou encore bien sûr UberEats, reposent sur une plateforme mettant en relation en temps réel des chauffeurs ou cyclistes avec des clients, pour acheminer les produits de restaurateurs locaux. Flex fonctionne sur le même modèle : via une application dédiée, un particulier peut se mettre en ligne lorsqu’il le souhaite, et dès lors, répondre à des « courses ». Il achemine alors par ses propres moyens des commandes passées sur le site, d’un centre de stockage jusqu’à l’adresse de livraison délivrée par le client.
Avec un paiement à l’heure calculé en fonction de l’activité réelle des utilisateurs, ce mode de livraison est très simple en termes de logistique, et économique.
D’un pilote à la globalisation du programme
Lancé en 2015 aux Etats-Unis le programme Flex a gagné en popularité. Au stade pilote, l’option n’était active que pour une sélection de produits, immédiatement disponibles dans les centres de stockage de Seattle. Petit à petit, le réseau s’est étendu : il est aujourd’hui disponible dans plus de 30 villes américaines et permet d’acheminer les commandes Now, qui sont elles aussi de plus en plus populaires. En mars, 25% des utilisateurs Prime aux Etats-Unis avaient fait au moins une commande Prime Now, et 24% d’entre eux utilisent le service chaque semaine.
Le pilote ainsi réussi, l’expansion internationale est désormais en marche, avec comme première étape la Grande-Bretagne. Cet été, une phase de test a été lancée à Birmingham avant d’étendre le service au reste du pays. Si ce premier déploiement européen est un succès, tout laisse à penser que le service se généralisera rapidement, d’autant plus que Amazon Prime Now commence également à être bien implanté sur le continent.
Les avantages d’un tel programme sont nombreux : économies de coûts, enjeux d’optimisation de l’expérience client… Mais au-delà de ça, Amazon met par son biais un pied dans le secteur de la livraison à proprement parler. Se substituant aux services de transporteurs, Flex devient un concurrent direct pour des leaders tels qu’UPS, FedEx, voire même les services postaux nationaux, qui acheminaient dans le passé certains colis standards. Une telle désintermédiation est dans l’air du temps : les technologies digitales rendent la mise en relation directe de parties prenantes simple, et à moindre coût. Si de tels services se généralisent, ils pourraient appeler à une transformation plus profonde du secteur de la livraison. Et ainsi, remettre en cause certaines des activités d’acteurs historiques…