TransportShaker

Le blog Transport des consultants de Wavestone

Le Speeder, ses applications et ses freins

La course effrénée aux évolutions technologiques pousse les acteurs du transport à redoubler d’efforts en matière d’innovation. Rien que dans la dernière décennie, nous avons vu arriver sur le marché des dizaines de nouveaux modes de transports :
L’Hoverboard de Zapata, en véritable planche volante ou bien le taxi volant des géants Uber, Rolls-Royce, Boeing et Airbus et même les ailes rigides propulsées par réacteur du Suisse, Yves ‘Jetman’ Rossy.
Chaque nouveau moyen de transport entraîne un questionnement sur les conditions de viabilité de celui-ci par rapports aux « anciens » moyens.
Intéressons-nous donc au petit dernier de la famille des véhicules volants, le Speeder.

Quelles sont les conséquences d’un nouvel entrant de ce type sur le marché du transport ? Doit-on s’attendre à voir le Speeder remplacer les véhicules traditionnels à terme ?

Le Speeder et son histoire en quelques mots  

La semaine dernière a vu l’avènement d’un nouveau mode de transport, le Speeder. Véritable véhicule hybride, quelque part entre la moto et l’avion de chasse, Jetpack Aviation nous offre un petit saut dans le futur avec ce petit bijou de technologie qu’est la moto volante Speeder.

 

Qui est ce constructeur ?

En termes d’innovation, Jetpack Aviation n’en est pas à son coup d’essai. En effet, le monde doit à Jetpack Aviation la commercialisation du premier réacteur dorsal « Jetpack ».
Si ce dernier est une véritable avancée technologique, ses utilisations sont aujourd’hui exclusivement de l’ordre du loisir et de la course avec la RedBull Air Race.
C’est ce produit qui donna à Jetpack Aviation sa renommée mondiale. L’entreprise d’engins volants s’est en effet spécialisée en appareils VTOL « vertical take-off and landing » (=décollage et atterrissage vertical)

 

Caractéristiques « sous le capot »

Attention, amateur.rices de belles cylindrées et de hautes performances mécaniques, c’est ici que ça commence à chauffer !

Avec une vitesse de pointe de 240km/h, le Speeder est aussi rapide qu’une Peugeot 508 avec comme moyen de propulsion, 4 turbines (5 pour la version militaire) fonctionnant au diesel et au kérosène.
Un ordinateur de bord est chargé de répartir les 320kg de poussée qui permettent à la moto de défier les lois de la gravité. Il pèse 105kg et ne peut tolérer qu’un seul passager dont le poids ne doit pas excéder les 109kg.

Oxygène oblige, l’altitude maximale de vol est de 4500m ; vol qui ne peut durer plus de 30mn (performance maximale atteinte par la version militaire).

Pour conduire ce bolide, le pilote doit être équipé de protections classiques mais aussi de boules Quiès car l’engin fait du bruit et peut atteindre les 120 dB à 3m de hauteur. On dépasse donc le seuil de douleur auditive qui est de 115 dB.

Cependant, tutoyer les cieux à vitesse effrénée a un coût : Le Speeder est disponible à la précommande pour la somme de 380 000$, soit le prix d’une Lamborghini Aventador Roadster…

 

Les différentes variantes de Speeders

Nous l’avons évoqué plus tôt mais il existe en réalité plusieurs versions du Speeder pour des applications bien diverses.

Usage Grand public / Civil

Ici l’usage est récréatif avant tout, à l’instar du Jetpack, il s’agit en premier lieu d’offrir une nouvelle activité de sensation forte à ses usagers. Jetpack Aviation annonce son désir de créer deux types de Speeder pour cette catégorie, l’Ultralight version (UVS) et l’Experimental version (EVS).

– La version UVS est une version basse performance, mise à disposition d’un public en quête de découverte de la technologie plus qu’en quête de test des performances.
Chaque caractéristique technologique du Speeder est donc revue à la baisse dans ce modèle. Pas de licence de pilotenécessaire, il faudra simplement avoir suivi les sessions d’apprentissage de Jetpack Aviation (JPA) dans l’un de leurs centres.

– La version EVS s’adresse à une clientèle plus amatrice de performance. Si la version précédente était calibrée pour le loisir et la découverte, cette version semble être pensée pour le sport et la compétition. Jetpack Aviation a en effet un historique de collaboration avec Redbull et ses courses extrêmes.

Ici, plus de restrictions de carburant embarqué si ce n’est la capacité maximale de stockage des réservoirs ni de restrictions de vitesse, le but étant de profiter pleinement des capacités de l’engin. La levée des restrictions entraine la nécessité de former les pilotes aux manœuvres de la moto volante et l’obligation pour eux de posséder une licence de vol. Cette formation est dispensée par Jetpack Aviation, formation durant laquelle le pilote est invité à participer à la construction de son bolide pour y ajouter des éléments de personnalisation.


Usage Militaire

Pour le domaine militaire les applications sont différentes, il s’agit ici de sauver des vies.
Jetpack Aviation offre aux armées un Speeder avec deux modes de fonctionnement bien distincts : le mode Military Speeder et le mode Cargo Speeder.

Le mode Military en pilotage manuel, correspond à la version plus puissante et endurante du modèle EVS. Toute la spécificité de l’application au domaine militaire vient donc du pilotage automatique et le mode Cargo Speeder.
Disponible quel que soit le mode de fonctionnement et activable à tout moment, le pilotage automatique via l’ordinateur de bord permet de stabiliser le Speeder dans chacune des phases du vol et de suivre un plan de route précis.

Le pilotage automatique et la capacité à embarquer des charges plus lourdes rend possible et viable le mode Cargo Speeder.


Le Cargo Speeder c’est l’utilisation du Speeder et du pilote auto pour transporter des charges lourdes. Les applications sont aussi nombreuses qu’évidentes. Il s’agira d’opérer au moment d’une urgence lorsque les secondes sont précieuses pour sauver des vies : Evacuer des blessés vers l’hôpital le plus proche lors d’une catastrophe naturelle, évacuer des soldats blessés en zone de combat ou encore transporter rapidement du matériel médical pour mieux traiter les blessés sur sites.

 

Freins et perspectives d’avenir

Tout d’abord, il faut, pour un nouveau mode de transport, mesurer sa capacité à pénétrer et s’étendre sur son marché. Pour de pareilles innovations, cette capacité de pénétration est directement corrélée aux lois. Les amateurs de drones le savent, il est extrêmement difficile de faire voler un drone dans les grandes agglomérations en toute légalité. Et face à cette difficulté, tous les pays ne sont pas égaux. Dans Paris et sa petite couronne par exemple, cela est tout simplement interdit. Piloter un drone étant considéré comme une activité aérienne, il est soumis à la réglementation de l’aviation civile.

Les lois de l’utilisation d’un drone :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=t2F1rNtfk08


Où est la place du Speeder dans l’écosystème actuel ?

Jetpack Aviation a conçu sa moto volante de sorte à ce qu’elle puisse être utilisée dans plusieurs contextes, dont la ville. Cependant, difficile d’imaginer cette moto survoler nos villes avant de voir des taxis flotter dans le ciel parisien.
Uber s’est récemment associé à Bell pour mettre sur pieds son taxi volant avec l’ambition de le faire voler dans les grandes villes du monde entre 2020 et 2030. Il est donc peu probable de voir déferler des Speeders avant cette date.

Le Speeder, pour être viable en ville, nécessiterait donc une adaptation des lois mais aussi des infrastructures.
Placé au-delà du seuil de douleur auditive, le Speeder est dangereux pour les riverains à 3 mètres, ce qui réduit considérablement ses possibilités de déploiement en ville.

Aujourd’hui les grandes villes du monde se dotent de moyens pour lutter contre la pollution, l’essor des moyens de mobilité électrique en étant une preuve. Le Speeder, propulsé au Diesel ou au Kérosène viendrait difficilement s’inscrire dans le développement « vert » des villes, du moins pour un usage de particulier comme peut l’être une voiture. Son autonomie de 22-30min est synonyme de forte consommation de carburant, à l’heure de la course à l’autonomie de nos moyens de mobilité électrique, ce frein vient fortement compromettre l’utilité du Speeder dans les grandes villes.

Il reste cependant une utilité dans laquelle le Speeder constitue une révolution, l’urgence.
Dans les situations où le temps est compté, l’utilisation du Speeder prend tout son sens. On l’expliquait lors de la présentation du Speeder Cargo, la capacité à transporter des blessés d’une zone accidentée et à risque vers un hôpital proche en un temps réduit pourrait sauver de nombreuses vies chaque année.

Le Speeder se heurte à l’écueil que chaque nouveau moyen de mobilité à rencontré, les utilisateurs. Sommes-nous prêts à utiliser ce moyen de transport d’un nouveau genre ?
Comme dans le cas des moyens de mobilité autonomes, ils suggèrent avant tout un travail sur l’implantation de ces technologies dans nos sociétés. Il s’agit donc autant d’un défi technologique que d’un défi de conduite, d’adaptation et d’acceptation du changement.


Mais alors, comment agencer la « route des airs » ?

Si pour le Speeder Cargo, bénéficiant d’un pilotage automatique la question de la « route des airs » ne se pose pas, pour les autres, qui sont pilotés, la réflexion se doit d’être tenue.

Chaque nouveau mode de transport a amené une révolution dans la construction physique des routes (de la terre au pavé pour finir sur les asphaltes et bitumes qui composent nos routes à l’heure actuelle).
Les routes sont au cœur de beaucoup de challenges pour le monde du Transport et l’innovation dans leur construction ne cesse de croître tant les idées nouvelles sont nombreuses.

Doit-on alors s’attendre à ce que « la route du ciel » soit une nouvelle extension de la route physique ? Ou bien une route nouvelle, une route virtuelle de réalité augmentée que seul le pilote pourrait voir au travers de la vitre de son casque ? Tant de questions que ce nouveau mode de transport soulève aujourd’hui et replacera au centre du débat demain.

Présentation du Speeder par son constructeur, ça donne envie !
https://www.youtube.com/watch?v=URgznwTph6M

 

Bibliographie :
https://www.forbes.fr/technologie/une-moto-volante-desormais-vendu-aux-etats-unis/
https://jetpackaviation.com/
https://www.inforisque.info/fiches-pratiques/risque-auditif.php
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/politiques/drones-aeronefs-telepilotes

 

Th13rryDURUOHA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *