Une start-up française a imaginé, à partir des travaux de l’ingénieur Jean Bertin, un système audacieux pour concurrencer l’Hyperloop : le SpaceTrain.
Le SpaceTrain, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une navette interurbaine guidée par un monorail et évoluant sur des coussins d’air à une vitesse moyenne de 540 km/h.
Ce système a été imaginé par une start-up spécialisée dans la recherche et développement de systèmes robotiques autonomes : la société Jacques Vaucanson. Cette entreprise, portant le nom d’un célèbre inventeur français du 18ème siècle, a été créée il y a un peu plus d’un an. Basée à Paris et à Orléans, elle travaille pour les industries aéronautiques, spatiales, maritimes, pharmaceutiques et pétrolières et a ouvert en juin dernier une filiale dédiée pour son projet phare : le projet SpaceTrain.
Emeuric Gleizes, le président de la start-up, est parti d’un constat simple : le projet Hyperloop, lancé en 2013, est coûteux et peine à se développer. Pourquoi ne pas proposer un autre système plus simple et pragmatique à mettre en place ? C’est ainsi qu’est né le projet SpaceTrain.
A l’origine, la navette devait évoluer, comme l’Hyperloop, dans un tube sous vide. Mais les ingénieurs de Jacques Vaucresson ont finalement abandonné cette idée pour s’affranchir de deux problématiques techniques : évacuer, à moindre coût, la chaleur stockée à l’avant du véhicule, et maintenir le vide quasi parfait dans un tube qui se dilate. C’est finalement en étudiant les travaux de Jean Bertin, inventeur de l’Aérotrain, que le SpaceTrain est né.
L’Aérotrain est un train sur coussin d’air développé dans les années 60. Propulsé par un turboréacteur, ce véhicule gagna le record du monde de vitesse sur rail en 1974 en atteignant une vitesse de 430 km/h. Il ne fut finalement jamais commercialisé en faveur du TGV, pouvant utiliser le réseau ferroviaire existant.
Emeuric Gleizes propose de revisiter l’aérotrain en le mettant au goût du jour. En effet, le SpaceTrain est bien éloigné de son prédécesseur : la navette en carbone est conduite de manière totalement autonome grâce à un logiciel de contrôle à la navigation. Ce logiciel est alimenté par des capteurs qui permettent de suivre en temps réel les paramètres moteur, électronique, magnétique ainsi que l’ensemble des éléments nécessaires pour garantir la sécurité des voyageurs. La propulsion est assurée par un moteur à induction alimenté par des piles à combustible hydrogène disposées à l’arrière du véhicule. Des coussins d’airs horizontaux et verticaux permettent la sustentation du véhicule.
L’innovation du SpaceTrain est donc d’allier des technologies modernes à un système qui a déjà fait ses preuves dans le passé pour proposer un moyen de transport efficace et pragmatique. En effet, l’équipe projet prévoit de tester dès 2020 un premier prototype du SpaceTrain en utilisant le monorail qui avait été construit pour l’Aérotrain. Ce prototype pourra atteindre une vitesse maximale de 720 km/h et aura la capacité d’accueillir une quarantaine de passagers.
Les atouts du SpaceTrain
Le premier point fort du SpaceTrain est qu’il s’inspire de technologies déjà connues et maitrisées. En effet, si l’aérotrain ne s’est pas développé en France, les trains à sustentation magnétique ont connu un essor important en Asie. Par exemple, en Chine, le Transrapid assure la liaison depuis 2004 entre l’aéroport et le centre-ville de Shanghai sur une distance de 30km. Linimo, au Japon, initialement construit en 2005 pour assurer la liaison entre l’exposition internationale et la ville d’Aichi, est aujourd’hui toujours en fonctionnement. En Corée du Sud, le Maglev de l’aéroport d’Incheon assure depuis février 2016 une partie de la liaison entre l’aéroport et Séoul.
D’autres projets sont également en cours, tel que la commercialisation d’ici 2027 du JR-Maglev au Japon pour relier Tokyo et Nagoya. La liaison entre les deux villes sera assurée en moins de quarante minutes à une vitesse moyenne de 505 km/h. Lors des premiers essais effectués en 2015, le JR-Maglev a été reconnu comme étant le train le plus rapide au monde en atteignant la vitesse de 603 km/h.
Le SpaceTrain prévoit de battre ce record avec une vitesse maximale de 720 km/h pour une vitesse moyenne de 540 km/h.
Non seulement le SpaceTrain ne devrait rencontrer aucun barrage technique, mais sa technologie basée sur des coussins d’air est moins onéreuse que la sustentation magnétique : « Le coût de construction de notre ligne ne dépassera pas 5 à 6 millions d’euros par kilomètre, contre 25 pour le TGV et 50 pour le Maglev », nous explique Emeuric Gleizes. Par rapport à l’Hyperloop, dont le coût au kilomètre est évalué au minimum à 16 millions d’euros par kilomètre, la solution SpaceTrain apparait une fois de plus comme une évidence. De plus, les coûts de maintenance des installations sont beaucoup moins importants comparés à une ligne ferroviaire classique puisqu’il n’y a pas de contact entre le train et le monorail.
Quel avenir pour ce projet ?
Si le premier prototype du SpaceTrain doit voir le jour en 2020, on peut se demander comment ce nouveau moyen de transport s’intégrera en France dans l’offre de transport de demain, notamment avec l’arrivée de la concurrence. En effet, si le SpaceTrain vient à s’industrialiser, deviendra-t-il un concurrent direct du TGV ? « Notre objectif consiste à transformer les lignes interurbaines de 200 kilomètres en trajets de métro », affirme Emeuric Gleizes. Le SpaceTrain viendrait donc enrichir les moyens de transport existants en proposant un service complémentaire : une navette plus rapide que l’actuel TGV mais transportant un nombre de passagers plus restreint.
Les prochaines étapes avant que le premier prototype de cette navette ne voie le jour sont multiples : il faudra notamment réhabiliter le monorail sur lequel circulait il y a cinquante ans l’Aérotrain, en faisant appel à des sociétés spécialisées pour moderniser et équiper cette ancienne installation. Emeuric Gleizes parviendra-t-il à tenir son pari fou ? L’aventure SpaceTrain ne fait que commencer…